jeudi 4 février 2021

Qu'est-ce qu'une sonde naso-oesophagienne ?



Il est parfois nécessaire d'assurer le soutien alimentaire d'individus incapables de s'alimenter spontanément.

Beaucoup de solutions existent selon les problèmes à gérer mais la pose d'une sonde de réalimentation est une des solutions les plus fréquemment utilisée. En médecine vétérinaire, nous posons des sondes de ce genre aux chiens, chats, lapins, tortues... et bien d'autres espèces encore qui sont moins de notre ressort de généralistes !



Une sonde de réalimentation est un tube qui fait communiquer l'extérieur de l'individu avec son œsophage, son estomac ou son intestin. On parle ainsi de sondes œsophagienne, gastrique ou intestinale. Le point d'entrée de la sonde peut être la narine, le pharynx, le côté du cou et la paroi abdominale.
Ici, nous parlerons de la sonde naso-oesophagienne, c'est-à-dire celle qui rentre par une narine et s'arrête dans l'œsophage, parce que c'est la sonde la plus utilisée en médecine vétérinaire et humaine parce que sa mise en place est rapide et facile et ne nécessite pas d'anesthésie, et même très rarement de tranquillisation.

Les affections qui empêchent un individu de se nourrir sont diverses et variées: traumatismes de la face suites à des accidents, des morsures, inflammation buccales importantes, douleurs dentaires, nodules volumineux... Mais aussi des affections coupant l'appétit et elles sont très nombreuses. Citons l'insuffisance rénale, les hépatites et pancréatites, les maladies infectieuses, les cancers...
A la clinique nous posons très souvent de ces sonde, en particulier à la suite de soins dentaires lourds pour lesquels nous savons qu'il faudra aider notre patient à reprendre des forces en l'alimentant nous-mêmes.
Enfin, ces sondes sont souvent intéressantes parce que nous pouvons aussi y mettre les médicaments à donner, ce qui est parfois bien utile quand on a un patient un peu... récalcitrant !





Comme montré sur les images, la sonde est un petit tuyau qui existe en différents diamètres. Nous faisons une anesthésie locale de la narine et nous introduisons la sonde enrobée d'un gel d'anesthésique local par une des deux narines (peu importe laquelle!). En levant un peu la tête de l'animal, la sonde glisse toute seule dans l'œsophage.



Il faut s'arrêter avant l'estomac. Si la sonde passait dans l'estomac, cela pourrait gêner le patient. Pour savoir où s'arrêter, nous calculons la longueur à introduire en faisant une simulation en plaçant la sonde sur le côté de l'animal avant de l'introduire dans la narine. La sonde est graduées en centimètre pour la placer de façon très précise.
Une fois la sonde en place, nous injectons un peu d'eau stérile dans la sonde. Si le patient ne tousse pas, c'est que nous sommes bien dans l'œsophage. Dans le cas contraire, nous sommes peut-être bien dans la trachée et il faudra recommencer l'opération (mais c'est heureusement rarissime !).
Si notre patient est encore endormi, plutôt que d'injecter de l'eau stérile parce qu'il ne pourra pas tousser, nous faisons une radiographie: la sonde possède un marquage opaque aux rayons X ce qui nous permet de bien visualiser son emplacement sur une radiographie latérale du cou et du thorax.




Voilà, il ne reste plus qu'à la faire tenir en place à l'aide de 2 sutures cutanées et à mettre une collerette pour empêcher des mouvements de pattes indésirables...
L'aliment donné est liquide, parfois pâteux, parce qu'il lui faut passer dans un petit diamètre. Nous devons calculer les besoins de l'animal pour une journée et savoir ainsi quelle quantité donner et en combien de repas.
C'est un peu contraignant de nourrir un animal ainsi parce qu'il faut beaucoup de disponibilité !
Heureusement nous avons des assistantes géniales, patientes et bien rodées à ce genre de pratique ! 🙏🤓