mercredi 4 novembre 2015

 

 L'IDENTIFICATION DE SON CHIEN ou DE SON CHAT

 

L’identification des chiens et des chats est OBLIGATOIRE !

La loi impose effectivement l'identification des chiens, chats et furets domestiques. 
Cela doit se faire avant une vente ou un don (oui, oui, oui: même quand c'est un chien ou un chat donné, il doit être identifié AVANT de changer de propriétaire). L’identification est à la charge de la personne qui vend ou donne l'animal.
De toute façon, tous les chiens nés après le 6 janvier 1999 âgés de plus de quatre mois et les chats nés après le 1er janvier 2012 de plus de sept mois doivent être identifiés.


Deux solutions s'offrent à vous:
Vous pouvez opter pour la puce électronique: c'est un petit mécanisme de la taille d'une extrémité d'allumette qui contient un numéro unique. Cette puce, contenue dans une aiguille, est injectée sous la peau à l'aide d'une seringue munie d'un piston qui pousse la puce hors de l'aiguille.
La manoeuvre est quasiment indolore (je dis quasiment parce que cela dépend des modèles de système implanteurs; pas d'inquiétude: à la Grande Barthe, nous utilisons les systèmes ayant la meilleure tolérance !). La puce est injectée sur le côté gauche du cou, le long de la jugulaire.
La puce est un système inerte: elle ne contient pas de pile. En envoyant une impulsion électromagnétique avec un lecteur spécifique, elle renvoie le numéro qu'elle a stocké.
La puce n'est pas une balise GPS: vous ne pourrez pas localiser votre chat avec ! (mais ça va bientôt venir...) 

Les puces de dernière génération que nous utilisons sont très petites par rapport aux premières puces qui étaient fabriquées. De plus, elles contiennent beaucoup d'espace-mémoire. En plus du numéro d'identification, nous allons maintenant avoir la possibilité de stocker d'autres données: le nom de votre animal, votre numéro de téléphone,le nom et le numéro de téléphone du vétérinaire traitant et aussi (et surtout) des données médicales de base:maladies existantes, traitements en cours... Pourquoi cela sera-t-il utile? Eh bien parce qu'il arrivé hélas fréquemment qu'un bon samaritain nous amène un chat ou un chien qu'il a trouvé accidenté sur la voie publique. En lisant son numéro, nous allons avoir directement le numéro de téléphone de son propriétaire, ce qui va nous faire gagner le temps de la recherche, ET nous saurons s'il faut éviter certains médicaments en fonction des affections que présente l'animal !

Même si l'on identifie les chiens et les chats maintenant à 95% par puce (si ce n'est pas 99%...), il reste la possibilité du tatouage.
Dans ce cas, on tatoue un code composé de 3 lettres et 3 chiffres dans l'oreille (droite de préférence) avec une encre à tatouer spécifique. Non, nous ne choisissons pas les numéros ! Ils nous sont attribués et nous les réalisons au fur et à mesure.

Et pour répondre aussi à votre question qui allait arriver: non, nous ne tatouons pas de petits papillons, des coeurs "A mon maître adoré pour la vie" et autres motifs décoratifs ! Cela serait tout à fait envisageable (à condition que le vétérinaire tatoueur soit un peu artiste quand-même...) mais , dans le contexte actuel de la loi sur les "mutilations inutiles" (coupe d'oreilles, de queues...etc), il nous semble tout à fait logique de penser que tatouer son animal pour son propre plaisir ne serait pas toléré de toute façon.

Pourquoi l'un ou l'autre ?

En fait, la puce a quand même plus d'avantages que le tatouage: 
- pas d'anesthésie pour la mettre en place, sauf si l'animal est particulièrement remuant ou agressif,
- discrète et esthétique: on la sent à peine sous la peau, 
- difficilement falsifiable: la capsule externe de la puce possède un système qui la fixe dans les tissus environnants (enrobage de collagène synthétique qui se lie au collagène naturel, capsule percée de petits trous dans lesquels le collagène pénètre et bloque la puce...). Et, je vous le rappelle, elle est au contact de la jugulaire, de la carotide et de la trachée... Pour retirer une puce, et pour avoir dû à le faire, je peux attester que cela est compliqué!, il faut donc inciser la peau ET disséquer les tissus autour de la puce. Difficilement concevable pour une personne peu expérimentée et ne pouvant pas faire l'anesthésie de l'animal...
- fiable: même si une puce peut être défectueuse, cela reste exceptionnel. J'ai dû en voir UNE !
- absolument (et légalement) indispensable quand on veut voyager hors de France. Je le rappelle: pour aller à l'étranger dans le cas le plus simple, il faut au moins: l'identification PAR PUCE (sauf animal tatoué avant 2001 mais ils sont de moins en moins nombreux...), un passeport valide tamponné par le vétérinaire dans les 10 jours avant le passage de la frontière et une vaccination contre la rage à jour.
- absolument  indispensable pour utiliser une chatière de dernière génération qui ne laisse passer que les chats dont les puces sont enregistrées... Pour utiliser ce genre de chatière depuis longtemps, je suis devenu un grand convaincu de leur utilité !

Le tatouage, lui, a les inconvénients que la puce n'a pas
MAIS il a l'avantage d'être visible et donc directement lisible quand on a trouvé un animal (si l'animal veut bien qu'on lui regarde dans l'oreille...) ... A condition toutefois qu'il ne soit pas effacé avec le temps ! (Il est encore malheureusement autorisé de faire le tatouage à la pince, ce qui est à la fois douloureux ET de mauvaise qualité parce que les chiffres et lettres étant matérialisés par des points, les contours s'espacent rapidement et l'on en vient vite à confondre le "R" qui a perdu une jambe avec un "P"...)
Un autre avantage du tatouage tout de même, c'est qu'il peut être réalisé au moment d'une anesthésie programmée pour un autre acte: nous décomptons alors l'anesthésie d'un des deux actes ce qui le rend moins onéreux que la puce... 

BON, somme toute, peu d'intérêt pour le tatouage.
Mais après, c'est vous qui voyez...


Pour être complet:

On peut (et on doit parfois de façon obligatoire...) aussi identifier beaucoup d'autres animaux:furet, cheval, vaches, moutons, porcs, oiseaux et reptiles... Oui, oui, on peut mettre une puce à une tortue ou à un boa ! 
Il existe un fichier pour les nouveaux animaux de compagnie. Nous pouvons vous renseigner: nous mettons déjà des puces à nos tortues et à celles de nos clients.

Et pour votre colibri d'Elena ? Pourquoi pas... Il faudra alors mettre la puce bien au centre: mise trop à gauche ou à droite, comme elle pèse environ un quart de son poids, vous risquez d'avoir un colibri qui vole en rond... à condition qu'il puisse déjà décoller....

dimanche 13 septembre 2015

CULTIVONS LES PETITS POIDS

 



Ficelle a un trop profité ces derniers temps. Elle reste plus souvent seule à la maison parce que son jeune maître a un nouveau travail très prenant et elle ne fait plus ces grandes ballades qu'elle aimait particulièrement...
Alors, même si elle ne mange pas beaucoup plus que d'habitude, elle a pris 10 Kg en 1 an. Elle a du mal à descendre les escaliers et à sauter dans la voiture. Et tout effort la fait haleter.

OK, ok,ok. Il faut sans doute faire quelque chose...

Parlons régime alors !

Le surpoids et même l'obésité sont souvent considérés comme des maladies.
Je préfère penser que c'est un état particulier. Il y a en effet beaucoup d'animaux, comme beaucoup de personnes d'ailleurs, en état de surpoids et qui, pour autant, vivent bien et n'auront pas de problèmes de santé jusqu'à la fin de leur vie.
Par contre, il est certain que cet état de surpoids augmente les risques de morbidité, c'est-à-dire les risques de développer des maladies.
Citons des choses connues de tous: diabète, insuffisance respiratoire, cardiaque, pancréatite, hépatite, calculs biliaires, arthrose...
Bref, un animal en surpoids peut vivre normalement jusqu'à la fin de sa vie.. mais cette vie a de fortes probabilités d'être plus courte que ce qu'elle aurait dû être...

Pourquoi votre animal grossit-il?

Schématiquement, c'est qu'il y a un déficit entre les apports et les pertes énergétiques: trop d'apports (trop de nourriture ou nourriture trop "riche") ou pas assez de dépenses (manque d'exercice physique).

Sur la question des apports, j'ai régulièrement en consultation des patients qui gagneraient à moins manger. La plupart du temps, leurs propriétaires ne trouvent pas leurs compagnons trop gros et n'estiment pas donner trop à manger.
Il y a en effet souvent un décalage entre notre perception d'humain et la réalité de nos animaux: nos repères sont ceux d'un humain de... mettons 60-70 KG... et nous avons tendance à surestimer les quantités d'aliment à donner à un animal plus petit que nous, et ce, d'autant plus que cet animal sera petit. Quand je dis qu'un chat doit manger en moyenne 50-60 g de croquettes par jour, on me regarde avec des yeux ronds la plupart du temps !
Ensuite, il y a ce besoin naturel que l'on a à donner "quelque chose de bon" pour faire plaisir à son animal. En donnant des petits extras régulièrement, on se fait aussi plaisir (il y a beaucoup de plaisir à donner, si si !) et c'est difficile de résister, surtout quand vous avez un Cavalier King Charles qui vous regarde amoureusement avec ses grands yeux larmoyants...

Quant aux pertes, elles ne sont pas souvent assez importantes. Bien sûr, quand il fait plus froid, la dépense énergétique sera plus importante. Mais cela reste assez faible. En fait, la grande part de la dépense énergétique se fait par l'exercice physique. Je rappelle à tout hasard que les recommandations en médecine humaine sont de faire en moyenne 1/2 heure d'activité physique par jour. Le faites-vous? Moi non! Nous avons parfois une vie professionnelle accaparante, une vie privée tout aussi remplie et il est difficile de trouver du temps pour prendre soin de nous. Alors il est évident que promener le chien ou faire jouer le chat...cela arrive souvent assez loin dans notre liste de choses à faire dans la journée!
Il faut noter que, contrairement à ce que pensent la plupart des gens, le fait d'avoir un grand jardin n'est pas l'assurance que votre chien exploite sa surface. D'abord, il faut s'entendre sur ce qu'est un grand jardin à une époque où l'on construit sur 500 m²... Ensuite, il y a une étude intéressante à connaître: des chercheurs ont mis des colliers munis de GPS à plusieurs chiens, laissés ensuite seuls dans leur jardin habituel toute la journée. Le GPS envoyait régulièrement la position du chien dans le jardin à un ordinateur qui enregistrait les allées et venues du chien. En fait, il s'avère que le chien reste proche de la maison et ne bouge pas beaucoup. L'activité augmente en périphérie du jardin s'il y a une activité (personne qui passe dans la rue, chien qui aboie...), si les maîtres ont présents dans la maison, ou si le chien a un compagnon avec lui.
En ce qui concerne les chats, il est facile de faire la différence entre un chat qui reste en permanence à l'intérieur, un chat stérilisé qui sort (mais reste généralement proche de sa maison) et un chat non stérilisé qui sort (qui va parfois à plusieurs kilomètres de sa maison)

Que faire si mon animal a du poids à perdre ?

Pour en parler depuis des années, j'ai parfois l'impression d'embêter certains de mes clients, soit qu'ils se vexent (et je pense pourtant être diplomate !), soit qu'ils nient l'existence du problème, soit qu'ils font la sourde oreille parce qu'ils savent que je vais leur dire d'arrêter de donner la biscotte beurrée du matin ou le sucre du café à midi ou les restes du gratin de pâtes le soir...
Alors, je n'insiste pas vraiment, sauf quand je pense que l'animal peut être réellement en danger s'il continue à prendre du poids.
Pour faire perdre du poids, il faut en effet obtenir absolument le consentement de TOUTE la famille. Il est impossible de mettre en place des règles d'alimentation si un des conjoints n'est pas d'accord et redonne des croquettes par derrière, ou si le papi un peu sourd (ou qui le fait croire !) continue à donner ses restes au chien (comme il l'a fait de toute façon toute sa vie avec ses chiens "qui n'étaient pas plus malades")
Ensuite, il faut discuter ensemble: quel aliment semble le plus adapté ? Quel quantité semble acceptable ? Quels objectifs se fixer ? Est-il possible de trouver des crénaux horaires pour aller faire des promenades ?

Il n'y a pas de règles. Mais il est certain que continuer avec le même aliment de base oblige à diminuer tellement les doses données que le chien réclamera tout le temps et que cela sera vite insupportable. On utilise donc souvent des aliments plus fibreux qui "remplissent l'estomac" sans apporter trop d'énergie, en aliments complets ou en complément. Des aliments spécifiques existent : il sont une aide certaine mais ne font pas tout.
Il faut systématiquement avoir une reprise d'acitivité physique ou, en tout cas, une augmentation de cette activité. Pour les chiens, cela passe par des promenades, des jeux, l'inscription à un club d'Agility, de Cani-cross, de Cani-VTT, le faire nager... Pour les chats, on utilisera des jeux qui mobilisent leurs instincts de chasseurs, des système de distribution de croquettes qui les obligent à faire quelques efforts physiques...

Bref ...

Le but de ce mémo ici n'est pas de vous faire une liste de tout ce qui est réalisable. En tout cas, comme pour nous, ne pensez pas qu'il y a une recette miracle ! Je pense que l'on a autant de solutions à proposer de que patients.
On fait parfois des erreurs, on corrige, on repart, on ré-évalue, on améliore... et toujours en association avec nos patients et leurs propriétaires !

Pour le dessin d'illustration, c'est une anecdote véridique. Je la raconte tellement souvent qu'elle est toute usée. Mais elle continue toujours à me faire rire !

jeudi 16 juillet 2015

LA PROTECTION DES ESPECES


Afin de protéger la faune et la flore sauvage, les différents pays se sont munis de différentes lois, internationales ou nationales, qui en interdisent ou en limitent l'exploitation

1- La convention de Washington: la CITES

(Convention on International Trade in Endangered Species of wild fauna and flora, soit en français: la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvage en danger)
https://cites.org/fra/disc/text.php

La CITES est une convention qui a été mise en place au niveau international (avec la participation de 175 pays, quand-même !), afin de protéger les espèces animales et végétales de leur sur-exploitation, qui, à terme,  pourrait aboutir à leur extinction.

Les espèces protégées répertoriées par la CITES sont classées en trois groupes selon le niveau de menaces qui pèse sur elles:
ANNEXE I : (Annexe A)
Espèces animales et végétales les plus menacées, menacées d’extinction.
La CITES interdit catégoriquement leur commerce, exception faite de leur importation pour des raisons non commerciales (article III), comme pour la recherche scientifique. Dans ces cas-là, leur commerce est permis s’il est autorisé par un permis d’importation, d’exportation ou de réexportation explicites.

ANNEXE II : (Annexe B)
"Espèces surveillées », c’est-à-dire les espèces dont le commerce est contrôlé et contenu.
Le commerce de ces espèces est autorisé, mais est strictement réglementé et chaque exemple doit posséder son propre certificat de la CITES pour que la vente ait lieu. Ces certificats doivent présenter les détails de l’animal et de son importation, sa licence d’importation ...

ANNEXE III : (Annexe C)
Espèces contrôlées: quand l’espèce est protégée dans son pays d’origine et que ce pays a demandé de l’aide pour en contrôler le commerce et limiter le déclin de l’espèce. Ces pays demandent la collaboration des autres membres du CITES pour empêcher l’exploitation non durable et le commerce illégal de ces espèces. Le commerce international n’est autorisé que sur présentation du permis ou du certificat approprié.

2- Le code de l'environnement français (Partie du Code Rural)

Il définit les règles de protection des espèces sauvages... mais aussi disparues (protection des sites fossilifères par exemple.)
L'article L 411 du Code de l'Environnement (http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?idArticle=LEGIARTI000006833715&cidTexte=LEGITEXT000006074220)  définit des listes rouges (http://www.uicn.fr/Liste-rouge-France.html) et des listes d'espèces protégées au niveau national, régional et départemental (voir le site de l'inpn: http://inpn.mnhn.fr/accueil/index)
Ensuite, des arrêtés interministériels établissent des listes limitatives des espèces protégées et les conditions de leur protection. Cela permet d'interdire par exemple des aménagements ou des constructions qui pourraient nuire à l'habitat naturel de certaines espèces.

3- En pratique

1- Vous avez très envie d'avoir un hippocampe dans votre aquarium ou une tortue grecque dans votre jardin.
Attention: liste II de la CITES: il vous faut un certificat de vente et un certificat de CITES délivré par le vendeur. Sinon ne prouve que vous n'avez pas prélevé ces animaux dans leur environnement naturel... CE QUI EST INTERDIT!
A tout le moins, il faut prouver que la tortue que vous avez provient d'une naissance d'une tortue déjà en captivité, quand bien même on vous aura donné cette tortue...

2- Vous avez envie d'adopter le mignon petit hérisson ou le bébé marcassin qui est venu dans votre jardin: c'est INTERDIT par la loi sur l'environnement. Ce sont des espèces sauvages protégées.

3- Vous avez envie de ramener à votre maman un magnifique bouquet de ces belles orchidées sauvages que vous venez de trouver: mauvaise idée. Vous allez le regretter rapidement si vous tombez sur le garde-chasse du coin...

4- Vous avez trouvé une chouette Hulotte sur le bord de la route et vous nous l'amenez: nous n'avons pas le droit de la soigner. Les soins dispensés aux animaux autres que domestiques doivent être réalisés dans des établissements agréés pour cela (http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/DGALN_AM_10_08_04et.pdf). Nous allons éventuellement effectuer les mesures d'urgence mais l'animal sera dirigé le plus rapidement possible vers un centre de soins de la faune sauvage.

Alors, la chouette Harfang...: Cites liste II et protégée en France... Harry ne devrait même pas l'avoir chez lui... à moins qu'il me montre son certificat de détention CITES d'abord. Mais quand je lui ai demandé, il s'est tout de suite fâché...



dimanche 28 juin 2015

IL EST IMPORTANT DE BIEN (S') HYDRATER

Tout le monde a besoin d'eau pour vivre. Normal: nous sommes constitués d'environ 60% d'eau. Nous sommes donc plus liquides que solides...
Pour les animaux, c'est la même chose.

Alors, quand quelque chose ne fonctionne pas bien dans les mécanismes de régulation de l'hydratation, on se DESHYDRATE.
La déshydratation peut rapidement avoir de graves conséquences et être même mortelle si elle est trop importante pour des organismes fragiles (bébés, personnes âgées...).

On se déshydrate pour plein de raisons.

Pour faire simple, cela tient à ce que l'on ne boit pas assez ou que l'on perd trop d'eau.
- Ne pas boire suffisamment: surtout en pleine chaleur, lors d'exercice physique important, en vieillissant quand on perd petit à petit l'alerte "avoir soif", lors de maladie inflammatoire, parce que l'on ne peut pas (pas d'eau disponible, paralysie, coma...)...






- Perdre trop d'eau: maladies inflammatoires, vomissements, diarrhée, insuffisance rénale, incontinence urinaire, affections neurologiques, maladies hormonales...

Bref, les causes sont nombreuses...


C'est pour cela que l'on s'attache à chaque consultation à estimer l'état d'hydratation de nos patients.

 - Cela se fait de façon simple pour une approche de première intention, en testant le PLI DE PEAU. En cas de déficit hydrique, l'organisme récupère en premier l'eau se trouvant sous la peau. Cette dernière perd alors son élasticité. Quand on soulève un pli de peau, celui-ci doit normalement revenir instantanément à sa position initiale. En cas de déshydratation, la peau revient à sa position plus lentement. Plus elle revient doucement à plat, plus la déshydratation est importante.
- Quand on veut aller plus loin, on fera une prise de sang afin de déterminer l'HEMATOCRITE. Qu'est-ce c'est que cette bête-là? Prélevez un peu de sang dans un tube contenant un anticoagulant (pour éviter les caillots). Centrifugez-le: les cellules tombent au fond du tube, le plasma (liquide du sang) reste au-dessus.


L'hématocrite est le rapport du volume de cellules ayant sédimenté (en rouge sur mon dessin) sur le volume total de sang (en beige). En pratique, on mesure les hauteurs, soit h/H. On multiplie par 100 pour avoir un pourcentage, plus facile à utiliser.
Il est compris entre 37 et 55% chez le chien, entre 24 et 45% chez le chat.
Si l'animal est anémié, il a moins de globules rouges, h diminue et l'hématocrite diminue. S'il est déshydraté, il a moins de liquide dans son sang, H diminue et l'hématocrite augmente. L'importance de cette augmentation traduit l'importance de la déshydratation.
- Il y a aussi d'autres paramètres que nous prenons en compte mais je ne compte pas vous faire un cours d'école. Sachez toutefois que nous réalisons souvent un IONOGRAMME. Il s'agit du dosage des pricipaux électrolytes du sang: sodium, chlore et potassium. Nous avons choisi d'investir dans un analyseur de dernière génération, ce qui nous donne la possibilité de faire sur place à la clinique. Cela nous permet de corriger rapidement des problèmes graves et d'optimiser les chances de survie de nombreux patients.


Alors: nous avons un animal déshydraté. Comment le remplit-on d'eau?

Si sa déshydratation n'est pas trop grave, la meilleure solution serait qu'il boive tout seul. En effet, l'eau est rapidement absorbée au niveau du tube digestif et la correction peut se faire rapidement et naturellement.
Sinon, il faut envisager de le ré-hydrater. Et alors se posent les questions: Par où? Comment? Avec quoi? Combien?

Par où?

1- Pendant longtemps, on (nous, les vétérinaires) a injecté de l'eau sous la peau. C'était facile, on faisait venir l'animal tous les jours pour lui injecter une bonne quantité de liquide jusqu'à ce que ça aille mieux... Oui, bon, ...mais c'était limité: la diffusion n'était pas bonne, ça faisait de grosses poches sous la peau, on risquait de créer des infections, le débit n'était pas régulier... Bref, on  a mis ça un peu de côté. Ca reste toutefois utile pour de vieux chats ayant une insuffisance rénale (mais dans ce cas, les propriétaires le font eux-mêmes à la maison... Oui, on explique comment faire, bien sûr!) ou pour des animaux difficiles à perfuser: pas mal de reptiles, des petits mammifères, lorsque les veines ne sont pas accessibles en général...
2- La voie intra-osseuse est possible pour de petits animaux, en particulier les chatons, les chiots de petit format, les lapins, mais surtout les cobayes, hamsters, souris, rats, iguanes, et lézards variés...
3- La voie intra-veineuse est la plus courante: Le liquide de réhydratation rentre directement dans le sang par une ouverture réalisée dans une veine.


Comment?

1- Pour la voie sous-cutanée, on utilise généralement des aiguilles à ailettes, appelées aussi "microfuseurs", parce qu'elle sont rapidement retirées et qu'on ne craint donc pas grand chose à laisser une aiguille sous la peau quelques minutes. On branche ensuite une ligne de perfusion (poche de liquide stérile, chambre, régulateur de débit, tubulure, site d'injection, embout).


2- Pour les voies intra-osseuse et intraveineuse, on utilise des CATHETERS: petits tuyaux souples munis d'un guide métallique pointu qui nous aide à pénétrer et qui est retiré par la suite. Ces cathéters peuvent être laissés en place plusieurs jours sous un pansement stérile.
Pour la voie intra-osseuse, on introduit (stérilement, il va sans dire...) le cathéter dans un os long, généralement le fémur que l'on perce au niveau de la tête, près de la hanche. On branche ensuite une ligne de perfusion et tout passe dans la moelle osseuse avant d'aller dans le sang.
Pour la voie osseuse, on place un cathéter dans une veine facilement accessible; patte avant, arrière, parfois veine jugulaire sous le cou ou de l'oreille chez le lapin. Et on branche là encore une ligne de perfusion.

Avec quoi?

Généralement, on utilise des liquides proches du plasma (liquide du sang). Le plasma est proche de l'eau de mer, c'est du chlorure de sodium dans de l'eau: nous perfusons donc du chlorure de sodium la majorité du temps.
Nous avons aussi d'autres solutés à notre disposition que nous utilisons lors d'indications précises: diminution du volume sanguin, hypoglycémie, coma diabétique....
Ces solutés peuvent être "améliorés" en y ajoutant des électrolytes en fonction des déficits estimés suite à l'analyse du ionogramme: potassium essentiellement, parfois bicarbonates...





 

Combien?

Ma foi, cela dépend de l'importance de la déshydratation! Nous estimons les besoins quotidiens de l'animal en fonction de son poids. Nous rajoutons son déficit estimé et les pertes éventuelles par vomissements, diarrhée... que nous devons aussi évaluer subjectivement.
Exemple: chien de 10KG, déshydraté à 5%. Un chien boit environ 50 à 60 ml/Kg/j. Si on dit 50, cela fait: 50 x 10 Kg = 500 ml/24 heures. Nous rajoutons 5 % de 10 KG pour la déshydratation: 500 ml. Cela nous fait... 1000 ml, j'ai bon? Sur 24 H. Et donc ça fait 41 ml pour une heure.
Ensuite, nous avons des pompes à perfusion qui délivrent le volume choisi par heure, ce qui nous simplifie pas mal la tâche! Et qui nous avertissent quand nous arrivons à la fin de la quantité désirée injectée.





Voilà, après un à plusieurs jours de perfusion, notre patient est prêt à rentrer chez lui, guéri... et correctement réhydraté !

 




dimanche 14 juin 2015

LES EFFETS SECONDAIRES DES MEDICAMENTS

Encore pas plus tard qu'hier, une cliente me disait qu'elle n'avait pas osé donné un comprimé entier d'un produit que j'avais prescrit pour son chien, mais seulement un demi- comprimé parce que "dans la notice il y a quand même beaucoup d'effets secondaires et que ça devait être trop fort pour lui."
Bon, c'est vrai, cela nous arrive de nous tromper en rédigeant une ordonnance. Mais c'est quand même exceptionnel ! Et quand on prescrit un médicament particulier et à un dosage particulier, c'est qu'on a de bonnes raisons de le faire. On ne cherche pas à intoxiquer ou à tuer nos patients !
Moralité dans le cas précédent: le traitement ne marche pas. Et pour cause...

Alors , d'où peut bien venir ce manque de confiance? 
En me penchant sur la question, je dirais d'abord que c'est un cas tout de même rare et que la majorité de nos patients suit nos recommandations (ils auraient même plutôt tendance à donner plus pour avoir un effet plus puissant ou plus rapide... ce qui n'est pas mieux non plus...)
Ensuite, il y a des clients qui cherchent à traiter leur animal le plus naturellement possible (comme eux aussi d'ailleurs) et pour qui les médicaments sont des poisons que l'on prend par nécessité: il faut donc en prendre le moins  possible.
Et  puis, on a des clients, heureusement très rares, qui doutent qu'on leur dise la vérité. C'est souvent plus un état d'esprit particulier de crainte de "machinations" : on nous ment, ou on ne nous dit pas  toute la vérité...
Et enfin, il y a les inquiets, souvent d'ailleurs parce que leur animal a une maladie grave, et qui sont prêts à écouter tous les avis divers et variés qu'ils peuvent trouver dans leur entourage proche ou non, sur internet (corne d'abondance d'informations, heureusement souvent véridiques, mais hélas aussi parfois très farfelues) et auprès de non-spécialistes-mais-qui-ont-leur-idée-sur-la-question parce qu'ils travaillent avec des animaux, dans l'industrie pharmaceutique, dans la recherche, dans la médecine humaine, voire dans le paranormal...

Bon, soyons clairs: 
Vous ne croyez quand même pas que, parce qu'on est vétérinaire, médecin ou pharmacien, nous connaissons TOUTES les notices de TOUS les médicaments du marché, ainsi que TOUS leurs effets secondaires? Nous connaissons bien les modalités de leur utilisation, leurs principaux effets normaux et secondaires, ainsi que leur potentielle toxicité selon l'état de nos patients. Mais pas TOUT.
D'abord, une chose importante: il n'y a pas de médicaments FORTS et d'autres moins forts. La force d'un médicament, ça n'existe pas.
Pour une même indication, il y a des médicaments qui peuvent être avoir une action plus importante que d'autres selon leur composition ou leur dosage. Par exemple, pour traiter la douleur, on peut utiliser des anti-inflammatoires, puis des morphiniques si l'on veut plus d'effets. Et avec les morphiniques, on peut augmenter le dosage si l'on veut plus d'effets aussi. Mais la molécule n'est pas plus "forte"
Ensuite, il faut savoir que chaque médicament possède un index thérapeutique: c'est une valeur qui correspond à la marge de sécurité que l'on a en cas de surdosage. Un index thérapeutique de 2 est faible: deux fois la dose recommandée pourrait avoir des effets secondaires sérieux. Un index thérapeutique de 12 est élevé et l'on a une bonne marge de sécurité: si votre chien a mangé toute la plaquette de 10 comprimés à index de 12 au lieu d'un seul, ça risque de ne pas  faire grand chose dans ce cas.
Et l'on a peu de médicaments avec un index thérapeutique faible, heureusement. Ce qui fait que les risques de surdosage sont généralement faibles.

Attention ! Nous ne connaissons pas toutes les notices en détail mais nous ne prescrivons pas au hasard quand même !
Les dosages que nous utilisons sont ceux qui ont été recommandés à la suite d'études scientifiques indiscutables. Le choix du médicament se fait d'abord selon son indication,  puis selon l'effet recherché, enfin selon sa facilité d'emploi et son coût.

Prenons l'exemple d'un patient qui vomit:
1- Nous choisissons un anti-émétique, c'est-à-dire un produit qui va bloquer les vomissements. Logique.
2- Puis, si ses vomissements sont très fréquents ou douloureux, nous allons utiliser une molécule qui aura un effet rapide et puissant, même si elle est plus coûteuse pour notre client. Là, nous privilégions l'efficacité. Si ses vomissements sont peu importants, nous allons utiliser une molécule certes moins efficace mais dont l'effet sera suffisant tout de même et qui sera aussi moins coûteuse
3- Enfin, quand cela est possible, nous allons voir avec notre client s'il préfère donner un médicament liquide ou en comprimés, si le médicament lui semble facile à administrer (taille du comprimé, animal agressif ou non, méfiant ou non...)

A la suite de notre prescription, nous mentionnons les effets secondaires les plus courants, c'est-à-dire ceux auxquels on est en droit de s'attendre. Je pense que si nous mentionnions TOUS les effets secondaires possibles du traitement, personne ne donnerait plus de médicaments !
Tout produit prescrit peut être source d'effets secondaires plus ou moins graves
Alors, oui, des effets secondaires moins fréquents ou rares peuvent survenir. La plupart du temps, ils sont liés à des facteurs individuels, de sensibilité à un produit en particulier.
Dans tous les cas, ces effets sont jugés suffisamment peu graves ou importants pour remettre en question leur utilisation.
En tant qu'acteurs de santé, nous, vétérinaires, devons déclarer à l'ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail: https://www.anses.fr/fr
) tout effet secondaire lié à un médicament prescrit afin de documenter les risques potentiels liés à l'emploi de ce médicament. Si les autorités scientifiques de veille de l'ANSES jugent ces effets secondaires trop fréquents ou présentant des risques réels pour la santé, elles peuvent alors décider de faire cesser la commercialisation de ce produit.

Donc, chers clients, continuez à lire les notices, mais prenez du recul.
Si c'est un médicament fait pour l'homme, la notice mentionne ce qui concerne l'homme; ce qui reflète peu ou rarement ce qui peut se passer chez votre animal.
Si quelque chose vous paraît bizarre dans notre prescription ou si votre animal présente des signes qui pourraient être en relation avec le traitement,  contactez-nous avant de décider d'abandonner le traitement ou de modifier vous-même les dosages. Comme je le disais plus haut, nous pourrions commettre des erreurs de prescription. Et si c'est un effet secondaire réel, il est bon que l'on ré-évalue la prescription rapidement.
Ce qu'a fait Mme Petitpas...


jeudi 28 mai 2015

Pétard l'Intoxiqué


Notre environnement est loin d'être sûr à 100%. Et nos animaux familiers n'ont pas conscience de tous les dangers qu'il renferme.
C'est pour cette raison que beaucoup d'intoxications se produisent suite au mâchonnement ou à l'ingestion d'éléments rencontrés en explorant le milieu extérieur. Cela concerne principalement les chiots et les chatons qui, comme les jeunes enfants, explorent leur environnement en mettant tout à leur bouche. Mais cela peut arriver que des adultes s'intoxiquent avec des produits présentant un aspect tentant, appétissant ou ludique.

Parmi les grands classiques, citons:

1 - Les médicaments.
Les animaux domestiques peuvent aller chiper des plaquettes de médicaments pour s'amuser et finissent par faire sortir les comprimés des blisters et les avaler. Les risques vont être fonction du produit, de la dose ingérée, de l'âge et de l'état de santé de l'animal... Les problèmes surviennent essentiellement avec les anti-inflammatoires  (paracétamol, aspirine, ibuprofène...). Dans ce cas, nombre d'intoxications sont liées à une auto-médication très empirique. Rappelons qu'un chien ou un chat n'est pas un petit homme et qu'il peut être dangereux d'essayer d'adapter des doses que l'on connaît pour soi. Exemple:  1g de paracétamol pour un homme de 70 Kg ne fait pas 50 mg pour votre chat de 5 Kg, parce qu'avec cette dose, il risque fortement de mourir (sans douleur, certes...)
2 - Les plantes d'intérieur ou d'extérieur
La liste est longue mais il faut au moins retenir que tout ce qui a des feuilles vernissées (luisantes) ou qui fait un lait blanchâtre quand on le coupe est potentiellement toxique; ficus, caoutchouc, dieffenbachia, yucca... De même, la grande majorité des plantes décoratives d'intérieur est toxique.  De toute façon, il faut empêcher son animal de mâchonner n'importe quelle plante dans le doute...
3 - Les champignons toxiques (comme pour l'homme): logique, non?
4 - Les produits raticides
Ces ont généralement des anticoagulants, et qui tuent aussi efficacement les rats que les chiens ou les chats. Ils sont présentés sous forme de granulés, ayant normalement un aspect et un goût dissuasif pour les chiens et les chats...Normalement... Bon, on a un antidote ! A condition toutefois que l'on détecte l'intoxication rapidement...
5 - Le métaldéhyde
Il est utilisé comme anti-limaces (granulés bleus) et peut présenter un aspect appétissant: il faut placer ces appâts sous une tuile pour en limiter l'accès à votre animal
6 - L'éthylène glycol
C'est un anti-gel pour les voitures mais aussi un constituant des allume-barbecue. A ne pas laisser traîner... Il a un goût sucré et une cuillère à soupe peut tuer un chat. Et une cuillère à soupe sucrée, ça se lape vite...
7 - Quelques aliments. Citons:
- le chocolat noir: 50 g de chocolat noir peut tuer un chien de 5 Kg. Le risque est environ 10 fois moindre avec le chocolat au lait. Et pas de risques avec le chocolat blanc. Ce n'est cependant pas une raison pour bourrer votre chien avec du chocolat blanc !
- le café et le thé: ils contiennent des substances comparables à la molécule toxique du chocolat (la théobromine) mais dont les effets sont plus modérés. Il faudrait donc une ingestion très importante de thé pour provoquer une intoxication.
- les oignons: provoquent une destruction des globules rouges et l'apparition d'une jaunisse. Heureusement, je ne connais pas beaucoup de chiens ou de chats qui aiment les oignons !
- le foie, lorqu'il est donné en nourriture exclusive ou quasi-exclusive. Cela provoque un excès de vitamine A et aboutit à des calcifications anormales.

Dans tous les cas, si vous avez un doute, contactez-nous. En notre absence, les vétérinaires du service de garde vous donneront les premiers gestes à effectuer. Vous pouvez aussi demander conseil à un vétérinaire d'un centre anti-poison (voir "Liens utiles" de notre site internet : vetobarthe.com)
Et puis, il faut aussi mentionner que nos animaux peuvent être victimes de tabagisme passif...






vendredi 22 mai 2015

FAST AND FURIOUS (Rabbit)


Depuis un mois, Panpan, votre si mignon lapin nain offert à Noël à votre fille, n'est plus le même. Il n'est plus la peluche qu'il était et devient même ce que Chucky serait à la poupée Bella: un monstre inquiétant, agressif et qui cherche à vous mordre au sang...

Quoi de plus normal au mois de mai !


Si Panpan est bien un mâle (ce dont il faut s'assurer parce qu'il y a parfois des erreurs sur la détermination du sexe au moment de l'achat), il y a de grandes chances que ses hormones le travaillent !
Entre avril et octobre, les lapins ont des envies sexuelles beaucoup importantes que le reste de l'année. La privation de femelles, un enclos trop petit ou une cage sans sorties,... tout cela leur devient vite insupportable. Ils brûlent leur frustration en sautant dans tous les sens et deviennent aussi parfois plus agressifs, avec les autres lapins avec qui ils cohabitent ... mais aussi avec leurs propriétaires.

Attention cependant: l'agressivité des lapins peut avoir de nombreuses autres causes,
- liée à la frustration: nourriture que vous ne donnez pas assez vite, décision de le remettre dans sa cage alors qu'il prérèrerait continuer à se promener en liberté dans la maison ou le jardin, conditions d'entretien mal adaptées (cage petite, alimentation trop riche...)
- liée au territoire: main que vous approchez de la nourriture (surtout des granulés), nettoyage de la cage en le laissant dedans, approche de la main après avoir caressé un autre animal  (odeur étrangère)...
- liée à la peur: d'être pris et soulevé de terre, comme un prédateur qui viendrait le saisir (enfant un peu brutal en particulier), d'être étroitement contenu (vous connaissez le mot, non?), de bruits inopportuns (aspirateur...)
- liée à la douleur: la douleur des lapins est muette mais pour voir régulièrement des affections dentaires majeures, je peux vous assurer qu'ils ont pourtant très mal ! Les douleurs dentaires sont fréquentes, mais il y a aussi des douleurs abdominales, articulaires...

Mais dans ces autres cas, cette agressivité n'a pas de caractère particulièrement saisonnier.


Alors, que faire?

Si l'on peut identifier la cause de l'agressivité de façon certaine comme n'étant pas liée à la libido, il faut d'abord, prendre patience... C'est une proie et les proies sont sensibles: il faut accepter qu'il se défende ou exprime son mal-être en mordant. Pour autant, il ne faut pas se laisser faire. Abolir les punitions physiques est absolument nécessaire. Par contre, il faut lui dire un "Non" énergique lorsqu'il mord (les lapins sont capables d'assimiler certains mots comme cela, figurez-vous !).
Il faut également essayer d'améliorer ses conditions de vie si elles ne sont pas optimales:
- aménagement de son espace de vie: plus grand, plus fréquemment nettoyé si besoin, cachettes additionnelles, litière agréable, jouets...
- lui proposer des sorties plus fréquentes... en le laissant sortir seul de son espace et en lui laissant la possibilité d'y retourner en cas de peur, de sensation de danger.
- lui donner l'alimentation ou nettoyer sa cage que lorsqu'il en est sorti, afin qu'il n'ait pas l'impression que vous envahissiez son territoire.
- le prendre avec douceur, lentement, et en lui caressant le dessus de la tête pour qu'il accepte d'être soulevé et ne se défende pas.

Dans le cas d'agressivité d'origine sexuelle, il est évident que la stérilisation est la solution qui apporte le plus de résultats dans le temps. Cette castration est un acte opératoire maintenant bien maîtrisé et bénin mais qui ne résoudra pas les autres causes d'agressivité. Il convient donc de faire le point ensemble avant d'envisager cette opération afin de décider si le diagnostic de la raison de l'agressivité est bien établi.
Attention: apporter un "compagnon" à votre lapin n'est pas la solution idéale puisqu'il n'est pas agressif "par ennui": avec un autre lapin mâle, vous allez avoir des conflits et des bagarres; avec une femelle, vous aurez à gérer des gestations à la chaîne... Et nous aurons à stériliser les deux à fin...



samedi 16 mai 2015

Qu'est-ce que LA CONTENTION ?




La CONTENTION représente l'ensemble des techniques permettant de "contenir" (c'est-à-dire "maintenir" avec le sens de "contrôler") tout ou partie d'un animal afin de réaliser des examens, des soins ou de petites interventions.
Elle permet de limiter les mouvements de l'animal afin d'éviter des risques de blessures de la (ou des) personne(s) qui contiennent, du ou des manipulateur(s), et de l'animal lui-même.

Le plus important, c'est que cette contention doit être ADAPTEE
- à l'espèce animale (et sa taille): il semble évident qu'on ne tient pas un lapin comme un cheval,
- à la dangerosité potentielle de l'animal: chien mordeur, serpent venimeux, rapace, vélociraptor...
- à la fragilité de l'animal: canari, caméléon, phasme...
- à sa sensibilité: chien âgé, chaton craintif, petit rongeur...
- à ce que l'on veut faire: une injection, regarder les oreilles, nettoyer une brûlure?

Ces moyens de contention sont variés et sont bien connus parce que souvent utilisés depuis des siècles. Cela veut dire que la contention s'apprend et se perfectionne par l'expérience.

On distingue:
- la contention manuelle: tenir avec les mains et le corps. Il faut apprendre à positionner correctement ses mains pour tenir une tête, une patte. Il faut apprendre les façons de contenir les espèces animales que l'on est amené à soigner: difficile de tenir un furet quand on ne l'a jamais fait (Ah! Mon souvenir de cette première morsure de furet quand je ne savais pas encore comment faire !), de contrôler une gerbille qui part vite et sans prévenir, de tenir un canari sans l'écraser... Cet apprentissage fait partie de l'enseignement prodigué dans les Ecoles Vétérinaires mais il faut ensuite apprendre par soi-même si l'on veut se spécialiser dans la médecine d'animaux exotiques...
- la contention instrumentée: on s'aide de dispositifs contentifs: liens, lacs, muselières, sacs de contention pour les chats, travail (sorte de cage pour y mettre les chevaux, les bovins...), tord-nez (les fanas de chevaux comprendront, les autres chercheront: ça fait partie de la culture générale!), collerettes, cages, etc...
- la contention chimique: on tranquillise ou on endort les animaux pour pouvoir les manipuler plus facilement: injections directes, gaz anesthésiants, sarbacanes ou fusils hypodermiques pour la faune sauvage.

Quoiqu'il en soit, une bonne contention ne s'improvise donc pas: suivant ce que l'on désire faire, il faut la planifier dans sa tête avant que de la mettre en place.
Une contention manquée provoque souvent des réactions de l'animal, parfois violentes, et il est parfois difficile de la reprendre ensuite facilement quand l'animal est énervé.
Pour cette raison, il semble évident qu'il est inconscient d'essayer de jouer à Crocodile Dundee avec un alligator (même bébé) pour amuser la galerie, ou de vouloir attraper un kangourou (même petit). Des accidents arrivent chaque année avec des nombreux animaux. Des animaux sauvages et/ou dangereux certes, mais aussi avec des animaux domestiques: untel qui a voulu aller traire une vache dans le pré et qui s'est pris un coup de pied dans la tête, untel qui a voulu attraper le pauvre petit chat affolé coincé en haut de l'arbre... Les exemples sont nombreux et continuent à se produire chaque jour. Par méconnaissance du comportement animal et de la façon de procéder pour les aborder, les attraper et les contenir...

En  tant que vétérinaires, nous avons la responsabilité de la sécurité des personnes et des animaux présents dans notre salle de consultation. Pour cela, nous sommes parfois obligés de recourir à des muselières, des sacs de contention, des tranquillisations... Aucun de nos clients ne s'en offusque parce que nous prenons le temps de leur expliquer les raisons de ces précautions et de leur inculquer  -à eux qui sont bien souvent nos aides privilégiés pour la contention de leurs animaux- les bonnes pratiques d'une contention efficace et sans risques.

jeudi 7 mai 2015

J'ai fait récemment un beau photorama expliquant la castration du chien.

J'avais déjà testé avec succès les photoramas expliquant les opérations de convenance du chat (castration) et de la chatte (ovariectomie) sur mes clients friands de données précises. Environ 90% de mes clients étaient d'accord pour visualiser l'opération d'un bout à l'autre. Il faut dire aussi que les photos étaient centrées sur la partie technique de l'opération et que , franchement, cela n'était pas choquant.
Cependant, cette fois je me suis dit qu'autant les photoramas des stérilisations du chat et de la chatte étaient softs, autant celui-là était peut-être plus pour un public averti...
Eh bien, je suis surpris de la curiosité de mes clients, qui ne rechignent pas à suivre ce photorama sans faire de "OHHHH", "AHHHH" ou "Beuuuuurk!". Au contraire, ils se montrent très intéressés et posent même parfois des questions très précises et techniques.

Le temps des clients-moutons est bien révolu.
Avant, le client entendait "Votre chien a attrapé la fièvre rouge du rein, vous devrez lui donner ça 3 fois par jour pendant 6 jours, c'est 90 francs, merci, au revoir." (oui, en francs et pas cher, c'était il y a vraiment longtemps!). Il n'avait rien compris, mais il n'avait rien à dire non plus.
C'était comme ça. Et pas que chez le vétérinaire. On ne demandait rien non plus aux professions "respectables", à savoir, pour l'essentiel: le médecin, le vétérinaire, l'instituteur, le notaire, le maire et l'avocat. Ces professions détenaient le savoir et il était bien évident qu'il aurait été présompteux de penser comprendre quoi que ce soit de leurs explications, si toutefois ils eussent eu la bonne volonté d'expliquer quelque chose...

Maintenant, nous avons éduqué nos clients et nous les informons avant qu'ils ne demandent. Et ils y ont pris goût !
Certains vétérinaires peuvent regretter cela parce que cela prend du temps d'expliquer. Et puis il y a des choses qu'on ne sait pas bien expliquer parce que ce n'est pas notre domaine de prédilection ou parce que c'est un sujet que nous ne maîtrisons pas bien.

Seulement, si l'on ne prend pas la peine de donner suffisamment d'explications, qu'on n'aille pas se plaindre ensuite si nos clients en manque d'informations vont se renseigner tous seuls sur des sites brassant toutes sortes d'informations loufoques et non vérifiées.
Nos presque-confrères médecins connaissaient bien le syndrome "Larousse Médical" (maintenant syndrome "Santé AZ au féminin" sur Internet): quand on ouvre le Larousse Médical, on trouve forcément quelque chose qui ressemble à ce que l'on a. Mais qui est rarement ce que l'on a... Nous aussi avons ce genre de syndrome et il est parfois compliqué de revenir sur des idées déjà toutes faites !

En tout cas, pour notre part, ici à la Grande Barthe, allez-y franchement, demandez, posez-nous toutes vos questions, pressez-nous comme des citrons: on est bavards, on adore expliquer et vous vous fatiguerez avant nous !

Et puis, quand on sait pas..., ben... on sait pas!

mercredi 29 avril 2015

LEPTOSPIROSE: du nouveau !

 

La leptospirose est une maladie bactérienne due à une bactérie du genre Leptospira. 

Cette bactérie est hébergée par de nombreux petits rongeurs (rat, souris, campagnol, lérot, ragondin...) qui en déposent dans la nature en urinant.  

Le chien, l'homme et les animaux d'élevage peuvent aussi héberger des leptospires et être eux-même une source de contamination potentielle.






Cette bactérie est très résistante en milieu humide et la contamination se fait par pénétration à travers une plaie, même microscopique, parce que sa forme en spirale la favorise pour pénétrer l'épiderme.






  C'est pour cela que les chiens de chasse sont particulièrement exposés. Chez l'homme, certaines professions sont aussi plus exposées: égoutiers, éboueurs, vétérinaires...





La maladie provoque essentiellement des lésions des reins et du foie mais aussi des poumons (avec des hémorragies pulmonaires)
 
Le traitement consiste à administrer des antibiotiques mais cela ne suffit pas toujours et l'on intervient parfois trop tard. 


Cette famille de bactéries compte de nombreuses espèces différentes qui ne donnent pas toutes les même symptômes et ne se transmettent pas toutes de la même façon. Ces espèces peuvent être regroupées en groupes selon leur parenté. 
On peut ainsi vacciner contre une espèce du groupe et obtenir aussi une protection contre les autres espèces du même groupe.

Depuis les années 1960 et jusqu'à présent, nous vaccinions avec des vaccins contre deux sérogroupes, icterohemorragiae et canicola (sur les plus de 20 groupes existants, heureusement pas tous présents en France!).


Depuis les années 2000, nous savons que d'autres groupes sont devenus très fréquents:




Dans cette étude de 2015 menée sur 229 analyses de chiens atteints de leptospirose, 59% des cas étaient dûs au sérogroupe Australis et 9 % au sérogroupe Grippotyphosa, c'est-à-dire à des leptospires n'étant pas prises en compte dans les anciens vaccins.

 
Depuis 2015, des laboratoires nous donnent la possibilité de vacciner contre 4 groupes,
icterohemorragiae, canicola, australis et grippotyphosa, ce qui représente la grande majorité des bactéries que l'on rencontre habituellement en France.

Peut-être que cela ne vous paraît pas important mais pour nous, vétérinaires, cela représente une avancée considérable dans la prévention de cette maladie. Autant on ne dénombre que 300 cas de leptospirose humaine chaque année en France, autant on ne peut même pas compter le nombre de leptospirose canine !

Nous suivrons bien sûr cette évolution et nous vous en reparlerons à l'occasion.

Pour plus d'information, allez consulter la fiche de l'Institut Pasteur:
http://www.pasteur.fr/fr/institut-pasteur/presse/fiches-info/leptospirose





dimanche 26 avril 2015

Soigner les chiens, les chats et les NAC fait moins rêver les enfants que soigner un ornithorynque ou un tigre blanc.

Il y a deux jours, le petit Corentin, 5 ans, me pose la question suivante: "Monsieur, c'est quoi l'animal le plus bizarre que t'as soigné?"
Ce n'est pas la première fois que je suis dans cette situation et, d'habitude, je réponds invariablement: "Un singe."
Mais cette fois, ça m'a échappé, et j'ai dit : "Un zbrog d'Alpha du Centaure"...
Et puis deux secondes de silence...
Heureusement, je me suis repris en ajoutant: "Mais non, c'est une blague ! Un singe..."

Pas facile tous les jours d'être le vétérinaire préféré des Mens in Black...