jeudi 28 mai 2015

Pétard l'Intoxiqué


Notre environnement est loin d'être sûr à 100%. Et nos animaux familiers n'ont pas conscience de tous les dangers qu'il renferme.
C'est pour cette raison que beaucoup d'intoxications se produisent suite au mâchonnement ou à l'ingestion d'éléments rencontrés en explorant le milieu extérieur. Cela concerne principalement les chiots et les chatons qui, comme les jeunes enfants, explorent leur environnement en mettant tout à leur bouche. Mais cela peut arriver que des adultes s'intoxiquent avec des produits présentant un aspect tentant, appétissant ou ludique.

Parmi les grands classiques, citons:

1 - Les médicaments.
Les animaux domestiques peuvent aller chiper des plaquettes de médicaments pour s'amuser et finissent par faire sortir les comprimés des blisters et les avaler. Les risques vont être fonction du produit, de la dose ingérée, de l'âge et de l'état de santé de l'animal... Les problèmes surviennent essentiellement avec les anti-inflammatoires  (paracétamol, aspirine, ibuprofène...). Dans ce cas, nombre d'intoxications sont liées à une auto-médication très empirique. Rappelons qu'un chien ou un chat n'est pas un petit homme et qu'il peut être dangereux d'essayer d'adapter des doses que l'on connaît pour soi. Exemple:  1g de paracétamol pour un homme de 70 Kg ne fait pas 50 mg pour votre chat de 5 Kg, parce qu'avec cette dose, il risque fortement de mourir (sans douleur, certes...)
2 - Les plantes d'intérieur ou d'extérieur
La liste est longue mais il faut au moins retenir que tout ce qui a des feuilles vernissées (luisantes) ou qui fait un lait blanchâtre quand on le coupe est potentiellement toxique; ficus, caoutchouc, dieffenbachia, yucca... De même, la grande majorité des plantes décoratives d'intérieur est toxique.  De toute façon, il faut empêcher son animal de mâchonner n'importe quelle plante dans le doute...
3 - Les champignons toxiques (comme pour l'homme): logique, non?
4 - Les produits raticides
Ces ont généralement des anticoagulants, et qui tuent aussi efficacement les rats que les chiens ou les chats. Ils sont présentés sous forme de granulés, ayant normalement un aspect et un goût dissuasif pour les chiens et les chats...Normalement... Bon, on a un antidote ! A condition toutefois que l'on détecte l'intoxication rapidement...
5 - Le métaldéhyde
Il est utilisé comme anti-limaces (granulés bleus) et peut présenter un aspect appétissant: il faut placer ces appâts sous une tuile pour en limiter l'accès à votre animal
6 - L'éthylène glycol
C'est un anti-gel pour les voitures mais aussi un constituant des allume-barbecue. A ne pas laisser traîner... Il a un goût sucré et une cuillère à soupe peut tuer un chat. Et une cuillère à soupe sucrée, ça se lape vite...
7 - Quelques aliments. Citons:
- le chocolat noir: 50 g de chocolat noir peut tuer un chien de 5 Kg. Le risque est environ 10 fois moindre avec le chocolat au lait. Et pas de risques avec le chocolat blanc. Ce n'est cependant pas une raison pour bourrer votre chien avec du chocolat blanc !
- le café et le thé: ils contiennent des substances comparables à la molécule toxique du chocolat (la théobromine) mais dont les effets sont plus modérés. Il faudrait donc une ingestion très importante de thé pour provoquer une intoxication.
- les oignons: provoquent une destruction des globules rouges et l'apparition d'une jaunisse. Heureusement, je ne connais pas beaucoup de chiens ou de chats qui aiment les oignons !
- le foie, lorqu'il est donné en nourriture exclusive ou quasi-exclusive. Cela provoque un excès de vitamine A et aboutit à des calcifications anormales.

Dans tous les cas, si vous avez un doute, contactez-nous. En notre absence, les vétérinaires du service de garde vous donneront les premiers gestes à effectuer. Vous pouvez aussi demander conseil à un vétérinaire d'un centre anti-poison (voir "Liens utiles" de notre site internet : vetobarthe.com)
Et puis, il faut aussi mentionner que nos animaux peuvent être victimes de tabagisme passif...






vendredi 22 mai 2015

FAST AND FURIOUS (Rabbit)


Depuis un mois, Panpan, votre si mignon lapin nain offert à Noël à votre fille, n'est plus le même. Il n'est plus la peluche qu'il était et devient même ce que Chucky serait à la poupée Bella: un monstre inquiétant, agressif et qui cherche à vous mordre au sang...

Quoi de plus normal au mois de mai !


Si Panpan est bien un mâle (ce dont il faut s'assurer parce qu'il y a parfois des erreurs sur la détermination du sexe au moment de l'achat), il y a de grandes chances que ses hormones le travaillent !
Entre avril et octobre, les lapins ont des envies sexuelles beaucoup importantes que le reste de l'année. La privation de femelles, un enclos trop petit ou une cage sans sorties,... tout cela leur devient vite insupportable. Ils brûlent leur frustration en sautant dans tous les sens et deviennent aussi parfois plus agressifs, avec les autres lapins avec qui ils cohabitent ... mais aussi avec leurs propriétaires.

Attention cependant: l'agressivité des lapins peut avoir de nombreuses autres causes,
- liée à la frustration: nourriture que vous ne donnez pas assez vite, décision de le remettre dans sa cage alors qu'il prérèrerait continuer à se promener en liberté dans la maison ou le jardin, conditions d'entretien mal adaptées (cage petite, alimentation trop riche...)
- liée au territoire: main que vous approchez de la nourriture (surtout des granulés), nettoyage de la cage en le laissant dedans, approche de la main après avoir caressé un autre animal  (odeur étrangère)...
- liée à la peur: d'être pris et soulevé de terre, comme un prédateur qui viendrait le saisir (enfant un peu brutal en particulier), d'être étroitement contenu (vous connaissez le mot, non?), de bruits inopportuns (aspirateur...)
- liée à la douleur: la douleur des lapins est muette mais pour voir régulièrement des affections dentaires majeures, je peux vous assurer qu'ils ont pourtant très mal ! Les douleurs dentaires sont fréquentes, mais il y a aussi des douleurs abdominales, articulaires...

Mais dans ces autres cas, cette agressivité n'a pas de caractère particulièrement saisonnier.


Alors, que faire?

Si l'on peut identifier la cause de l'agressivité de façon certaine comme n'étant pas liée à la libido, il faut d'abord, prendre patience... C'est une proie et les proies sont sensibles: il faut accepter qu'il se défende ou exprime son mal-être en mordant. Pour autant, il ne faut pas se laisser faire. Abolir les punitions physiques est absolument nécessaire. Par contre, il faut lui dire un "Non" énergique lorsqu'il mord (les lapins sont capables d'assimiler certains mots comme cela, figurez-vous !).
Il faut également essayer d'améliorer ses conditions de vie si elles ne sont pas optimales:
- aménagement de son espace de vie: plus grand, plus fréquemment nettoyé si besoin, cachettes additionnelles, litière agréable, jouets...
- lui proposer des sorties plus fréquentes... en le laissant sortir seul de son espace et en lui laissant la possibilité d'y retourner en cas de peur, de sensation de danger.
- lui donner l'alimentation ou nettoyer sa cage que lorsqu'il en est sorti, afin qu'il n'ait pas l'impression que vous envahissiez son territoire.
- le prendre avec douceur, lentement, et en lui caressant le dessus de la tête pour qu'il accepte d'être soulevé et ne se défende pas.

Dans le cas d'agressivité d'origine sexuelle, il est évident que la stérilisation est la solution qui apporte le plus de résultats dans le temps. Cette castration est un acte opératoire maintenant bien maîtrisé et bénin mais qui ne résoudra pas les autres causes d'agressivité. Il convient donc de faire le point ensemble avant d'envisager cette opération afin de décider si le diagnostic de la raison de l'agressivité est bien établi.
Attention: apporter un "compagnon" à votre lapin n'est pas la solution idéale puisqu'il n'est pas agressif "par ennui": avec un autre lapin mâle, vous allez avoir des conflits et des bagarres; avec une femelle, vous aurez à gérer des gestations à la chaîne... Et nous aurons à stériliser les deux à fin...



samedi 16 mai 2015

Qu'est-ce que LA CONTENTION ?




La CONTENTION représente l'ensemble des techniques permettant de "contenir" (c'est-à-dire "maintenir" avec le sens de "contrôler") tout ou partie d'un animal afin de réaliser des examens, des soins ou de petites interventions.
Elle permet de limiter les mouvements de l'animal afin d'éviter des risques de blessures de la (ou des) personne(s) qui contiennent, du ou des manipulateur(s), et de l'animal lui-même.

Le plus important, c'est que cette contention doit être ADAPTEE
- à l'espèce animale (et sa taille): il semble évident qu'on ne tient pas un lapin comme un cheval,
- à la dangerosité potentielle de l'animal: chien mordeur, serpent venimeux, rapace, vélociraptor...
- à la fragilité de l'animal: canari, caméléon, phasme...
- à sa sensibilité: chien âgé, chaton craintif, petit rongeur...
- à ce que l'on veut faire: une injection, regarder les oreilles, nettoyer une brûlure?

Ces moyens de contention sont variés et sont bien connus parce que souvent utilisés depuis des siècles. Cela veut dire que la contention s'apprend et se perfectionne par l'expérience.

On distingue:
- la contention manuelle: tenir avec les mains et le corps. Il faut apprendre à positionner correctement ses mains pour tenir une tête, une patte. Il faut apprendre les façons de contenir les espèces animales que l'on est amené à soigner: difficile de tenir un furet quand on ne l'a jamais fait (Ah! Mon souvenir de cette première morsure de furet quand je ne savais pas encore comment faire !), de contrôler une gerbille qui part vite et sans prévenir, de tenir un canari sans l'écraser... Cet apprentissage fait partie de l'enseignement prodigué dans les Ecoles Vétérinaires mais il faut ensuite apprendre par soi-même si l'on veut se spécialiser dans la médecine d'animaux exotiques...
- la contention instrumentée: on s'aide de dispositifs contentifs: liens, lacs, muselières, sacs de contention pour les chats, travail (sorte de cage pour y mettre les chevaux, les bovins...), tord-nez (les fanas de chevaux comprendront, les autres chercheront: ça fait partie de la culture générale!), collerettes, cages, etc...
- la contention chimique: on tranquillise ou on endort les animaux pour pouvoir les manipuler plus facilement: injections directes, gaz anesthésiants, sarbacanes ou fusils hypodermiques pour la faune sauvage.

Quoiqu'il en soit, une bonne contention ne s'improvise donc pas: suivant ce que l'on désire faire, il faut la planifier dans sa tête avant que de la mettre en place.
Une contention manquée provoque souvent des réactions de l'animal, parfois violentes, et il est parfois difficile de la reprendre ensuite facilement quand l'animal est énervé.
Pour cette raison, il semble évident qu'il est inconscient d'essayer de jouer à Crocodile Dundee avec un alligator (même bébé) pour amuser la galerie, ou de vouloir attraper un kangourou (même petit). Des accidents arrivent chaque année avec des nombreux animaux. Des animaux sauvages et/ou dangereux certes, mais aussi avec des animaux domestiques: untel qui a voulu aller traire une vache dans le pré et qui s'est pris un coup de pied dans la tête, untel qui a voulu attraper le pauvre petit chat affolé coincé en haut de l'arbre... Les exemples sont nombreux et continuent à se produire chaque jour. Par méconnaissance du comportement animal et de la façon de procéder pour les aborder, les attraper et les contenir...

En  tant que vétérinaires, nous avons la responsabilité de la sécurité des personnes et des animaux présents dans notre salle de consultation. Pour cela, nous sommes parfois obligés de recourir à des muselières, des sacs de contention, des tranquillisations... Aucun de nos clients ne s'en offusque parce que nous prenons le temps de leur expliquer les raisons de ces précautions et de leur inculquer  -à eux qui sont bien souvent nos aides privilégiés pour la contention de leurs animaux- les bonnes pratiques d'une contention efficace et sans risques.

jeudi 7 mai 2015

J'ai fait récemment un beau photorama expliquant la castration du chien.

J'avais déjà testé avec succès les photoramas expliquant les opérations de convenance du chat (castration) et de la chatte (ovariectomie) sur mes clients friands de données précises. Environ 90% de mes clients étaient d'accord pour visualiser l'opération d'un bout à l'autre. Il faut dire aussi que les photos étaient centrées sur la partie technique de l'opération et que , franchement, cela n'était pas choquant.
Cependant, cette fois je me suis dit qu'autant les photoramas des stérilisations du chat et de la chatte étaient softs, autant celui-là était peut-être plus pour un public averti...
Eh bien, je suis surpris de la curiosité de mes clients, qui ne rechignent pas à suivre ce photorama sans faire de "OHHHH", "AHHHH" ou "Beuuuuurk!". Au contraire, ils se montrent très intéressés et posent même parfois des questions très précises et techniques.

Le temps des clients-moutons est bien révolu.
Avant, le client entendait "Votre chien a attrapé la fièvre rouge du rein, vous devrez lui donner ça 3 fois par jour pendant 6 jours, c'est 90 francs, merci, au revoir." (oui, en francs et pas cher, c'était il y a vraiment longtemps!). Il n'avait rien compris, mais il n'avait rien à dire non plus.
C'était comme ça. Et pas que chez le vétérinaire. On ne demandait rien non plus aux professions "respectables", à savoir, pour l'essentiel: le médecin, le vétérinaire, l'instituteur, le notaire, le maire et l'avocat. Ces professions détenaient le savoir et il était bien évident qu'il aurait été présompteux de penser comprendre quoi que ce soit de leurs explications, si toutefois ils eussent eu la bonne volonté d'expliquer quelque chose...

Maintenant, nous avons éduqué nos clients et nous les informons avant qu'ils ne demandent. Et ils y ont pris goût !
Certains vétérinaires peuvent regretter cela parce que cela prend du temps d'expliquer. Et puis il y a des choses qu'on ne sait pas bien expliquer parce que ce n'est pas notre domaine de prédilection ou parce que c'est un sujet que nous ne maîtrisons pas bien.

Seulement, si l'on ne prend pas la peine de donner suffisamment d'explications, qu'on n'aille pas se plaindre ensuite si nos clients en manque d'informations vont se renseigner tous seuls sur des sites brassant toutes sortes d'informations loufoques et non vérifiées.
Nos presque-confrères médecins connaissaient bien le syndrome "Larousse Médical" (maintenant syndrome "Santé AZ au féminin" sur Internet): quand on ouvre le Larousse Médical, on trouve forcément quelque chose qui ressemble à ce que l'on a. Mais qui est rarement ce que l'on a... Nous aussi avons ce genre de syndrome et il est parfois compliqué de revenir sur des idées déjà toutes faites !

En tout cas, pour notre part, ici à la Grande Barthe, allez-y franchement, demandez, posez-nous toutes vos questions, pressez-nous comme des citrons: on est bavards, on adore expliquer et vous vous fatiguerez avant nous !

Et puis, quand on sait pas..., ben... on sait pas!