dimanche 29 octobre 2023

On veille sur vous quand vous dormez !

Le monitoring? Vous voyez ce que c'est ? 🤔

... Pas trop ?

Bon, alors, parlons-en ! 😷

Le monitoring opératoire, c’est la surveillance des paramètres vitaux du patient qui est anesthésié.
Cette photo vous montre l’écran de notre moniteur de surveillance anesthésique multiparamétrique.



Comme son nom l'indique, il s'agit d'un appareil regroupant plusieurs unités capables d'analyser différents paramètres très utiles pour connaître en temps réel l'état du patient anesthésié.

L'anesthésié est un sommeil artificiel. Tout comme dans le sommeil naturel, le corps se met au repos: le coeur et la respiration ralentissent, la tension peut baisser un peu, la température corporelle diminue...
Ce sommeil artificiel doit être sous contrôle pour éviter qu'il ne soit trop profond ou trop superficiel et pour qu'il soit possible de détecter à temps des anomalies du fonctionnement de l'organisme endormi.


Cette photo vous indique les différents paramètres surveillés sur le moniteur.




On surveille essentiellement:

1- La bonne oxygénation du sang :

Toutes nos cellules ont besoin d'oxygène pour fonctionner. L'oxygène est apporté à chacune d'entre elles par les globules rouges du sang qui contiennent de l'HEMOGLOBINE. Cette hémoglobine est une protéine qui a une particularité: elle peut capter l'oxygène dans les poumons et la relâcher là où elle est nécessaire.

On peut mesurer le degré de saturation en oxygène de l'hémoglobine grâce aux rayonnements rouges et infra-rouges plus ou moins absorbés selon la quantité d'oxygène présent. On appelle cela l' OXYMÉTRIE.
On utilise pour cela une sonde générant des rayonnements rouges et infra-rouges à un endroit où les vaisseaux sanguins sont facilement accessibles de l'extérieur du corps: la peau ou les muqueuses.
On place donc souvent cette sonde sur un doigt pour les humains.


Mais on la met plutôt sur la langue pour nos patients:


... ou bien à l’entrée du rectum avec une sonde spéciale afin d’avoir plus de place au niveau de la bouche, quand on fait des soins dentaires par exemple (euh… pas de photo si vous n’y voyez pas d’inconvénients ! 😕

2- La bonne ventilation (« respiration ») :

La CAPNOGRAPHIE mesure les variations de concentration de gaz carbonique dans l’air qui sort des poumons.

La sonde de capnographie est branchée sur la sonde trachéale qui délivre l’oxygène (voir photo précédente). Un peu de gaz contenu dans la sonde est prélevé à intervalle réguliers très courts. Cela permet d’établir une courbe de concentration de gaz carbonique. Pour faire simple, si cette concentration augmente, l’animal ventile moins bien.

3- L'activité électrique du cœur :

L'ELECTROCARDIOGRAPHIE est l’enregistrement de l’activité électrique du cœur en temps réel 🫀📈. Cela reflète le fonctionnement du muscle cardiaque.
Le muscle cardiaque doit se contracter régulièrement pour faire circuler le sang en continu, parce que, vous l'avez compris, il faut que les globules rouges livrent leur oxygène en permanence.
Heureusement, cela se fait de façon automatique parce que le cœur dispose d'un système déclenchant les contractions de façon rythmique, appelé PACE-MAKER. Ce sont des cellules qui, en quelque sorte, "déclenchent une impulsion électrique" pour faire contracter les fibres musculaires cardiaques.

Pour enregistrer l'électrocardiogramme,, une sonde particulière ayant des électrodes de détection à son extrémité est avancée dans l’œsophage du patient jusqu’à la positionner jusqu’au-dessus du cœur (Voir placement de la sonde sur le patient sur la photo ci-dessus)

4- La pression artérielle.

Elle mesure la pression du sang dans les artères et traduit la qualité de circulation du sang. 🩺 🩸

Comme chez les humains, un brassard est placé autour d’une patte et, en se gonflant automatiquement à intervalles réguliers, il permet de surveiller la tension tout au cours de l’anesthésie.

Comme notre patient est endormi, on surveille surtout les baisse de tension sanguine. Cependant, pour limiter de tels risques, une perfusion est placée: c'est un cathéter ("petit tuyau") placé dans une veine qui délivre un liquide stérile sensiblement identique au liquide du sang, le plasma. En administrant en continu un volume adéquat, on contribue à maintenir la pression sanguine. Et en plus, on dispose d'une voie rapide pour injecter des produits en cas de manque de profondeur d'anesthésie ou d'analgésie ou bien en cas d'urgence.

5- La température

On peut utiliser soit une sonde automatique, œsophagienne ou rectale, qui mesure la température à intervalles réguliers, soit un thermomètre manuel classique et un aide prend alors la température à la demande (notre choix et… bon… toujours pas de photo, n’insistez pas, c’est une page sérieuse ici ! 🤓)


EN BREF :

IMPOSSIBLE de se passer d'un monitoring quand on opère !

Bon, pour certaines interventions chirurgicales de très courte durée, on peut se contenter le la capnographie et de l’oxymétrie.
Cela dépendra bien sûr des risques potentiels de l’anesthésie que l’on a identifiés : patient âgé, insuffisant cardiaque, rénal…

Mais dans tous les cas, notre politique est de mettre en place le plus d’éléments de monitoring possibles afin de sécuriser au mieux nos interventions, quand bien même cela prend un peu de temps de préparation !

🤗

jeudi 4 février 2021

Qu'est-ce qu'une sonde naso-oesophagienne ?



Il est parfois nécessaire d'assurer le soutien alimentaire d'individus incapables de s'alimenter spontanément.

Beaucoup de solutions existent selon les problèmes à gérer mais la pose d'une sonde de réalimentation est une des solutions les plus fréquemment utilisée. En médecine vétérinaire, nous posons des sondes de ce genre aux chiens, chats, lapins, tortues... et bien d'autres espèces encore qui sont moins de notre ressort de généralistes !



Une sonde de réalimentation est un tube qui fait communiquer l'extérieur de l'individu avec son œsophage, son estomac ou son intestin. On parle ainsi de sondes œsophagienne, gastrique ou intestinale. Le point d'entrée de la sonde peut être la narine, le pharynx, le côté du cou et la paroi abdominale.
Ici, nous parlerons de la sonde naso-oesophagienne, c'est-à-dire celle qui rentre par une narine et s'arrête dans l'œsophage, parce que c'est la sonde la plus utilisée en médecine vétérinaire et humaine parce que sa mise en place est rapide et facile et ne nécessite pas d'anesthésie, et même très rarement de tranquillisation.

Les affections qui empêchent un individu de se nourrir sont diverses et variées: traumatismes de la face suites à des accidents, des morsures, inflammation buccales importantes, douleurs dentaires, nodules volumineux... Mais aussi des affections coupant l'appétit et elles sont très nombreuses. Citons l'insuffisance rénale, les hépatites et pancréatites, les maladies infectieuses, les cancers...
A la clinique nous posons très souvent de ces sonde, en particulier à la suite de soins dentaires lourds pour lesquels nous savons qu'il faudra aider notre patient à reprendre des forces en l'alimentant nous-mêmes.
Enfin, ces sondes sont souvent intéressantes parce que nous pouvons aussi y mettre les médicaments à donner, ce qui est parfois bien utile quand on a un patient un peu... récalcitrant !





Comme montré sur les images, la sonde est un petit tuyau qui existe en différents diamètres. Nous faisons une anesthésie locale de la narine et nous introduisons la sonde enrobée d'un gel d'anesthésique local par une des deux narines (peu importe laquelle!). En levant un peu la tête de l'animal, la sonde glisse toute seule dans l'œsophage.



Il faut s'arrêter avant l'estomac. Si la sonde passait dans l'estomac, cela pourrait gêner le patient. Pour savoir où s'arrêter, nous calculons la longueur à introduire en faisant une simulation en plaçant la sonde sur le côté de l'animal avant de l'introduire dans la narine. La sonde est graduées en centimètre pour la placer de façon très précise.
Une fois la sonde en place, nous injectons un peu d'eau stérile dans la sonde. Si le patient ne tousse pas, c'est que nous sommes bien dans l'œsophage. Dans le cas contraire, nous sommes peut-être bien dans la trachée et il faudra recommencer l'opération (mais c'est heureusement rarissime !).
Si notre patient est encore endormi, plutôt que d'injecter de l'eau stérile parce qu'il ne pourra pas tousser, nous faisons une radiographie: la sonde possède un marquage opaque aux rayons X ce qui nous permet de bien visualiser son emplacement sur une radiographie latérale du cou et du thorax.




Voilà, il ne reste plus qu'à la faire tenir en place à l'aide de 2 sutures cutanées et à mettre une collerette pour empêcher des mouvements de pattes indésirables...
L'aliment donné est liquide, parfois pâteux, parce qu'il lui faut passer dans un petit diamètre. Nous devons calculer les besoins de l'animal pour une journée et savoir ainsi quelle quantité donner et en combien de repas.
C'est un peu contraignant de nourrir un animal ainsi parce qu'il faut beaucoup de disponibilité !
Heureusement nous avons des assistantes géniales, patientes et bien rodées à ce genre de pratique ! 🙏🤓

 

dimanche 10 janvier 2021

 Acheter une boîte de transport pour Minou

Vous devez acheter une nouvelle boîte de transport ? Alors voici quelques conseils, très orientés vers les côtés pratique et bien-être comme vous allez le constater !




L'idéal est d'avoir une boîte adaptée à la taille de votre chat et de la longueur du trajet. En gros: petit trajet ou petit chat: petite boîte; gros chat ou grand trajet: grande boîte. En effet, si la boîte est trop grande, votre chat ne sera pas bien calé et subira d'autant plus de aléas de la route (virages en particulier).




Pensez à mettre une serviette ou une alèse au fond de la boîte ! Nous voyons bien en consultation un chat sur 3 qui n'en a pas . Pourtant, c'est quand-même drôlement mieux !

Là encore, votre titi (ou louloute) sera mieux calé(e), ne dérapera pas sur le fond en plastique quand vous prendrez vos ronds-points comme Sébastien Loeb, et s'il urine de stress (ou à cause de votre conduite sportive donc), ce sera la serviette ou l'alèse qui absorbera tout et non pas son pelage...







Achetez une boîte basique si vous ne comptez l'utiliser que pour venir nous voir. Mais faites l'acquisition d'une boîte plus solide si vous devez souvent voyager... ou si vous avez un chat très costaud ou très remuant.

Nous préférons personnellement les boîtes en plastiques, plus protectrices pour nos patients en cas de chocs accidentels. Les sacs en toile et panier en osier sont certes plus jolis, mais moins protecteurs, ET l'urine coule facilement à côté par les coutures et interstices (toujours si vous n'avez pas bien anticipé le problème avec une serviette...). UN avantage majeur cependant pour le sac: plus facile à emmener en cabine pour un trajet en avion. Pour l'osier ? Hum... juste joli!


Et voici notre classement rapide que vous attendez tous ! :


- En 4e position, nous mettrons toutes les boîtes avec des systèmes galères à ouvrir (vis, boulons et écrous...etc). Très sécurisées pour de looooongs voyages, OK, mais ferez-vous de si longs voyages ? Alors pensez à nous plutôt! Si votre chat est inquiet en arrivant à la clinique, il nous sera plus facile d'ouvrir complètement sa boîte plutôt que le faire sortir difficilement par la porte. Un système facile à démonter est alors plus qu'appréciable!


- Numéro 3: les boîtes avec des systèmes rapides mais sécurisés par verrouillage: pas mal, mais assez chères. Bien pour des trajets réguliers ou si vous avez un chat Terminator qui risque de faire sauter les attaches de sa boîte en se débattant.





- Numéro 2: les boîtes les plus standard avec des clips en plastique tout autour. Inconvénient majeur: s'il faut ouvrir la boîte à chaque fois, les charnières en plastiques se cassent à la longue...







- ET le Numéro 1 ! Les boîtes avec un système d'emboîtement du couvercle par glissement et un système de verrouillage à l'avant. Très rapides à démonter, le système d'emboîtement tient très bien à l'usage et le système de verrouillage assure la solidité. Petit bonus: une des moins chères du marché, de l'ordre de 10-12 €!









Comme, nous vous le rappelons, nous somme la première clinique Cat Friendly Silver de Toulouse, nous nous devons d'ajouter quelques conseils "friendly" pour nos patients moustachus-griffus:



- La boîte ne sera pas perçue comme quelque chose de stressant si votre chat l'a à sa disposition pour y dormir. Enlevez le couvercle, mettez une polaire au fond et collez-là si possible près d'un radiateur (en ce moment) et proche d'une fenêtre à une hauteur de 1 m, et vous aurez un taux d'occupation proche de 100 % ! Ensuite, il n'y a plus qu'à mettre le couvercle et la porte pour venir nous voir: votre chat est chez lui, dans ses odeurs et se sent un peu plus rassuré.


- Mettez une grande serviette sur la boîte pour lui masquer la vue pendant le transport et quand il sera à la clinique. Voir des choses nouvelles, dont d'autres animaux, peut être plus stressant que de ne rien voir du tout...


- Utilisez des phéromones d'apaisement en spray ou lingettes dans la boîte avant le transport ou le voyage. Ce n'est pas un sédatif puissant mais c'est une aide appréciable.
- Pour les voyages en voiture, attachez la boîte sur le siège arrière pour qu'elle ne bouge pas en cas de freinages ou de virages.

-Ne laissez pas des enfants trop petits porter la boîte avec votre matou dedans: c'est sûr, ils sont contents d'emmener eux-mêmes leur chat chez le docteur mais la boîte tape dans leurs jambes ou dans l'encadrement des portes, le chat est passablement secoué et cela n'aide pas vraiment pour être rassuré!




Voilà, vous avez quelques éléments de réflexion.

Ah, j'allais oublier: je vous rappelle que nous sommes preneurs de vos vieilles boîtes cassées! Nous gardons les pièces pour dépanner ceux de vous qui en auraient besoin. Notre stock a beaucoup diminué ces derniers mois mais ne s'est pas reconstitué aussi vite! Merci d'y penser !

mercredi 30 octobre 2019

Et une pression,  ça roule !





Pourquoi mesure-t-on aussi la pression artérielle des chiens et des chats ?


Le sang circule dans les vaisseaux sanguin parce qu'il est poussé par le coeur qui se contracte régulièrement. Cette circulation se fait donc sous une certaine pression, qui dépend du travail du coeur donc, mais aussi de la taille des vaisseaux et du volume total de sang. Cette pression sera d'autant plus importante que le coeur se contracte fort et souvent, que les vaisseaux sont petits et que le volume de sang est grand.




Mesurer la tension artérielle (dans une artère), c'est mesurer cette pression.

On met un brassard qui gonfle autour d'un membre (pour le nous, c'est le bras, mais pour les chiens et chats, c'est la patte avant ou la queue). On écoute en même temps au bout du membre (ou de la queue) le pouls d'une artère. Les médecins écoutent au stéthoscope. Nous, vétérinaire, avons de petits patients, et donc de petites artères à écouter ! Et puis, il y a des poils qui nous gênent ! Alors, nous faisons une petite tonte sous la patte (ou sous la queue) et nous posons un petit appareil appelé sonde Doppler qui va repérer le flux de sang dans l'artère et nous convertir ce flux en son dans un haut-parleur. C'est comme si l'on entendait le flux de sang au stéthoscope: "Flouchhhhhh, flouchhhhhh, flouchhhh..."
NB: Une autre méthode, appelée "oscillométrique" permet de se passer de la sonde Doppler mais cette méthode est sujette à plus de variations: nous l'utilisons en routine pour la surveillance de nos patients en cours d'opération, mais pas pour le diagnostic où la méthode avec Doppler reste la méthode la plus recommandée par les spécialistes.


Ensuite, quand on gonfle le brassard, nous lisons en même temps la pression de gonflage sur un manomètre (vous avez bien déjà vérifié la pression des pneus de votre voiture, non ?).
Quand on n'entend plus le bruit du sang circulant dans le haut-parleur, c'est que la pression que l'on exerce dans le brassard est plus forte que celle de la tension exercée dans l'artère: on a fait un garrot !
Bien sûr, on va alors dégonfler le brassard ! Le but n'est pas que notre patient perde sa patte ! Mais nous allons le faire tout doucement. Et quand le bruit du pouls revient dans le haut-parleur, c'est que nous sommes à la pression d'équilibre entre celle que nous créons et celle du sang. C'est ce que l'on appelle la pression artérielle systolique, qui est, pour simplifier, la pression maximale que produit le coeur en se contractant. Pour nous, c'est le premier nombre que nous donne le médecin: 12,13 ...

Par sécurité, nous faisons généralement 5 mesures et nous en faisons la moyenne. 

Normalement, cette tension devrait être entre 130 et 170 mm de mercure. Mais cette tension peut être parfois surestimée (peu souvent sous-estimée), en particulier chez des patients anxieux ! Un peu comme si vous vous faisiez prendre la tension par un copain médecin ou par un cardiologue qui a froncé les sourcils en vous auscultant auparavant ! Votre tension a des chances d'être plus élevée dans le deuxième cas !

Cette tension est importante à mesurer 

 
En effet,  nous devons nous assurer qu'elle ne s'élève pas trop.
Une hypertension risque de provoquer des lésions des yeux (hémorragies, décollements de rétines), des reins, du  cerveau avec des lésions de type AVC (Accident vasculaire Cérébral) et aussi du coeur...



Chez le chat, cette tension est particulièrement importante à mesurer et, nous qui le faisons depuis plus de 20 ans, voyons bien depuis tout ce que ces mesures réulières nous ont apporté en matière de prévention.
 
 
Cette tension, dans l'idéal, devrait être mesurée au moins une fois par an à partir de 10 ans pour le chat, à partir de 7 à 8 ans pour le chien (selon la taille, les races...). Et plus souvent si elle semble augmenter !
Nos bilans seniors complets comportent cette mesure de pression artérielle. 

Depuis plusieurs années, des traitements spécifiques existent pour nos animaux de compagnie hypertendus. 

Et, même si cela reste une contrainte d'avoir à donner un médicament tous les jours, cette contrainte en vaut la peine ! En effet, faute de traitement à temps, un chat hypertendu peut subir un décollement de ses deux rétines en l'espace d'une seconde et devenir ainsi aveugle... Et il sera trop tard ensuite pour envisager de faire quoi que ce soit pour lui rendre la vue... 
 

Je sens que votre tension a augmenté de façon notable entre le moment où vous avez commencé à lire cet article et maintenant ! Allez, rassurez-vous, on se revoie bientôt pour mesurer la tension de vos titis et on, s'il y a besoin, nous gèrerons cela ensemble tranquillement !

samedi 17 novembre 2018

C'est quoi, la puce électronique ?

Depuis, 1999, l'identification des chiens, chats et furets est devenue obligatoire. Rapidement, la puce électronique a supplanté le tatouage comme moyen d'identification: elle est quasiment impossible à retirer, elle est esthétique, dure dans le temps et ne demande que quelques secondes pour être mise en place, et ce sans tranquillisation ni anesthésie.

Mais comment cette puce fonctionne-t-elle?



La puce électronique fait partie des systèmes de radio-identification, ou RFID en anglais.
Un système RFID, c'est une puce électronique  contenant des informations et une petite antenne qui permet à un lecteur plus ou moins distant de correspondre avec la puce par des ondes radio.

Vous connaissez au moins trois exemples de puces RFID: l'étiquette ressemblant à un petit labyrinthe collée sur des objets à vendre (les CDs par exemple), la puce électronique de votre carte bancaire pour le paiement sans contact... et les puces électroniques pour animaux.


Mais ces systèmes RFID sont aussi utilisés partout tout autour de nous, du péage automatique au frigo intelligent, et nous sommes en permanence entourés de communications électromagnétiques à plus ou moins hautes fréquences.


Concernant la puce vétérinaire, c'est donc une puce, dite transpondeur, contenant un numéro individuel, une antenne, le tout englobé dans une gangue de verre bio-compatible (pour éviter sa dégradation et le rejet de l'organisme. Et le tout est souvent enveloppé d'un système permettant de fixer la puce là où elle a été implantée (collagène synthétique, enveloppe micro-perforée dans laquelle les fibres de collagène naturel s'infiltrent telles des racines...).







C'est donc un petit cylindre de 1 mm de diamètre pour 3 à 4 mm de long environ, un peu de la taille d'un à deux grains de riz.







Cette puce n'est pas un système actif possédant une source d'énergie propre et pouvant nous renseigner sur la position de votre animal comme le ferait un capteur GPS (Cela viendra peut-être, ce n'est pas de la science-fiction, mais il faudra attendre encore un peu !).



C'est un système passif qui utilise l'énergie envoyée sous la forme d'ondes électromagnétiques par un lecteur. Ces ondes sont de faibles fréquences, ce qui explique que nous devons lire les puces presque à leur contact: parfois, nous sommes à 10 cm et la puce n'est pas détectée !




En pratique, la mise en place d'une puce électronique se fait sans anesthésie (sauf cas particuliers d'animaux agressifs ou remuants...).

C'est une injection réalisée sous la peau au niveau de la gouttière jugulaire gauche (côté gauche du cou), endroit volontairement standardisé (afin d'éviter les fantaisies de certains vétérinaires qui auraient l'idée d'en mettre dans des endroits ... bizarres?). Il y a peu de risques associés à son injection et très peu de réactions inflammatoires liées à son implantation.




La puce contient une combinaison unique de 15 chiffres qui identifie votre compagnon : 3 chiffres pour le code du pays (250 pour la France), 2 chiffres pour l’espèce (26 pour les chiens et chats), 2 chiffres pour le code du fabricant de la puce et 8 chiffres pour le numéro d’identification spécifique à l'animal. Néanmoins, vu la quantité croissante d'identifications, il est probable que l'on doive assez prochainement envisager des numéros à 18 chiffres...


En France, le fichier regroupant les numéros de puces est l'ICAD. Il existe un fichier européen, EUROPETNET, regroupant différents pays, mais encore incomplet à ce jour.



Enfin, sachez que la puce qu'à votre animal sert à l'identifier, certes, mais elle permet aussi de nombreuses autres applications: chatière électronique ne laissant passer que vos chats, distributeurs électroniques d'aliments dédiés aux chats que l'on a choisi...



Et il est même prévu, dans un futur somme toute assez proche, un système identifiant le chat qui arrive pour manger, le pèse, quantifie la quantité d'eau bue et de nourriture ingérée, prend sa température et envoie tout cela par WIFI sur votre ordinateur !
Grâce à ces technologies innovantes, notre façon de suivre nos patients convalescents, âgés, ou atteints de diverses maladies, risque de rapidement évoluer !

Et comme ce sont des choses qui nous passionnent, nous vous tiendrons évidemment au courant !

mercredi 9 mai 2018


 

 LA LANGUE DU CHAT



Vous connaissez ou vous donnez votre langue... au chat ?



Vous l'avez remarqué, la langue du chat n'est tout à fait identique aux autres langues: elle râpe sévèrement !







Cette caractéristique, commune à tous les félins, est due à des papilles particulières.

Sur la langue, nous avons tous des papilles. Chez nous, elles sont toutes plutôt aplaties et mamelonnées, mais dans d'autres espèces, elles peuvent être plus ou moins grandes et plus ou moins rigides.
Les papilles gustatives sont responsables du goût et elles sont particulièrement développées chez le chat, espèce très sensible aux goûts mais aussi aux textures des aliments.
Cependant, ces papilles gustatives ne sont pas celles qui râpent. Celles qui râpent sont des papilles coniques, recouvertes de kératine (comme les griffes!). Elles peuvent s'user ou se casser avec le temps mais elles seront alors remplacées.




Ces papilles, ressemblant à de grandes épines, ont plusieurs fonctions:

 - brossage: le chat peut lécher n'importe quel endroit (externe, bien sûr !) de son corps. Malheureusement, les papilles sont recourbées vers l'arrière et le chat a la fâcheuse tendance d'avaler les poils qu'il a ratissés avec sa langue... ce qui fait qu'il est souvent amené à les régurgiter...




- abreuvement: le chat prend l'eau avec sa langue (certains avec leur patte qu'ils lèchent ensuite, mais c'est plus un jeu qu'autre chose!). Les papilles, recourbées vers l'arrière de la bouche, retiennent mieux l'eau.









- grignotage: les papilles permettent de frotter le fond de la gamelle pour ne rien laisser, c'est vrai, mais à l'origine, c'était surtout fait pour retirer au mieux les petites fibres musculaires des os des petites proies tuées.







- meilleure appréciation des goûts: les aliments pris entre les papilles coniques rugueuses restent plus longtemps au contact des papilles gustatives et cela améliore la perception de goûts subtils... (Votre chat est un gourmet, pas un gourmand, vous avez bien dû le remarquer, non?)







Par contre, un inconvénient majeur est que les bactéries s'installent entre ces grandes papilles 

Elles sont moins facilement balayées par l'eau, les aliments et les différents mouvements de la langue... La bouche de votre chat est donc TRèS sale (plus que son derrière !); ce qui explique que les plaies consécutives aux morsures de chat s'infectent facilement.

Alors, stop aux léchouilles de votre minet et de votre minette !

Vous ne donneriez pas votre langue au chat, alors n'acceptez pas la sienne non plus ! 

 









samedi 24 mars 2018

Une otite ? Mais pas du tout !

 

Une otite ? Mais pas du tout !

 


L'otite est une cause très fréquente de consultation du chien mais très rare chez le chat.
Le suffixe "-ite" indique une inflammation. Ici, en l'occurrence, c'est une inflammation de l'oreille.

 L'oreille est subdivisée en 3 parties:
  • oreille externe, de l'extérieur, du bout du pavillon de l'oreille (partie de l'oreille qui dépasse du crâne, qu'on peut attraper !) jusqu'au tympan
  • oreille moyenne: en arrière du tympan jusqu'aux structures nerveuses allant vers le cerveau 
  • oreille interne: concerne les structures nerveuses responsables de la perception auditive                                                                                                                                                         



Chez l'homme, le conduit est quasiment horizontal. Chez le chien (et le chat), le conduit descend presque à la verticale et fait un coude à 45° avant d'atteindre la partie horizontale. On comprend aisément que le cérumen a déjà du mal à sortir naturellement puisqu'il doit remonter la partie verticale pour être éliminé. En cas d'otite, le cérumen stagne dans le conduit auditif avec les cellules mortes et cela contribue à faire durer et à aggraver la situation.


Nous parlerons ici essentiellement des otites externes. Les deux autres, moyennes et internes, sont un peu moins fréquentes, et, pour faire simple, elles sont souvent la conséquence d'une otite externe qui évolué.

"Docteur, je viens chercher des gouttes à mettre dans l'oreille de Milou: il a une otite!"

Eh, bien, non ! Ce n'est pas si simple ! Tout comme il n'y a pas un collyre qui fait tout pour une conjonctivite parce que cela dépend de l'origine de la conjonctivite, il n'y a pas des gouttes universelles qui guérissent toutes les otites.

Une inflammation de l'oreille peut avoir de nombreuses origines :
  • purement inflammatoire, surtout du pavillon de l'oreille: causes allergiques en premier, mais aussi hypersensibilités (réactions à des produits...)
  • parasitaires: otodectes (charmants acariens parasites des oreilles!)
  • traumatique: choc (contusion, hématome...), corps étranger (épillet...)
  • obstruction: tumeur, polype, kyste, poils accumulés
  • anomalie de production du cérumen et de renouvellement des cellules du conduit auriculaire
  • auto-immune: maladies dans lesquelles le système immunitaire ne marche plus normalement et se met à attaquer des parties du corps saines. Ici, ce sont surtout des atteintes de l'extrémité des pavillons auriculaires



Et n'est qu'après,  parce qu'il y a quelque chose qui a initié une inflammation ou une gêne, que des bactéries ou des levures se développent et contribuent à l'installation d'une otite durable...

Notez que ces bactéries et levures (sortes de champignons primitifs) sont déjà présentes dans les conduits auditifs. Mais jusqu'à présent, elles y étaient en petite quantité et elles ne gênaient pas. Maintenant qu'elles se sont multipliées, elles créent une véritable infection des conduits et le système immunitaire se doit de réagir.

La conséquence en est des modifications de cérumen que vous connaissez bien si votre animal a ou a eu une otite: brun-noir-pâteux ou crémeux-purulent. (désolé si vous mangez en même temps que vous lisez cet article...). C'est d'ailleurs un des éléments principaux qui a dû vous alerter.




Milou a mal !

Comment s'exprime cette otite?

Cela va surtout dépendre si elle est récente ou ancienne.

Une otite aiguë (récente), va se développer rapidement et brutalement. Les bactéries, mais aussi les levures, prennent d'assaut le conduit auditif : la bataille est enragée, les dégâts souvent importants.
L'inflammation sera importante et la tolérance de l'animal faible.
Il faut donc s'attendre à un érythème (rougeur ) marqué du pavillon, une odeur désagréable de cérumen chaud, des manifestations de douleur (gémissements, non-acceptation de la manipulation de l'oreille atteinte (voire agressivité)...) et de démangeaisons (grattage avec la patte arrière, frottement de l'oreille sur des meubles ou par terre...)

A l'inverse, une otite chronique (ancienne: plus de 2-3 semaines) est déjà là depuis longtemps. Les bactéries, mais surtout les levures, se sont immiscées petit à petit dans la place, ont eu le temps de poser leurs bagages et de refaire tranquillement les modifications de leur nouveau domicile.
L'inflammation sera faible et la tolérance de l'animal souvent très bonne, d'autant plus que l'otite sera chronique... Enfin, jusqu'à un certain point !
On s'attendra donc à un érythème moins évident, une odeur toujours aussi écoeurante de cérumen tiède, peu de manifestations de douleur. Mais toujours des signes de démangeaisons, souvent moins marqués. Votre chien grommelle de contentement quand vous lui massez l'oreille et appuie d'ailleurs son oreille sur votre main tellement ça lui fait du bien ? Pensez otite !




Il va vous falloir notre aide

Comme les gouttes magiques universelles n'existent pas, il faudra qu'on voit cette otite ensemble. Et même si Milou a déjà eu une otite et qu'il "en fait encore une", ce ne sera pas forcément la même chose...

Notre rôle sera
  • de déterminer quelle était la cause primitive de l'otite. Parce que sans l'identifier, on risque d'avoir des récidives sans fin... (et parfois, on ne trouve pas, j'avoue...)
  • de déterminer qui en a profité: bactéries ?(lesquelles ?), levures ?
  • de vous donner un traitement adapté
  • de vous montrer comment faire correctement le traitement (ce n'est pas toujours si facile!)
  • d'être là en cas de doute sur l'évolution: mise en place de contrôles ET on ne vous lâche que quand on pense que c'est vraiment terminé...

Comment cela va-t-il se passer ?

D'abord, nous devons faire un examen général de Milou pour nous assurer que son otite n'est pas un symptôme particulier d'une maladie plus générale.
Ensuite, nous allons regarder dans son oreille avec un otoscope. Parfois, cela est impossible tellement le cérumen ou le pus obstrue le conduit...

Mais, dans tous les cas, il est indispensable de faire un prélèvement de cérumen pour savoir ce qui se passe. Un fois coloré, ce prélèvement va nous révéler au microscope la présence de bactéries, de levures, de parasites (otodectes), de cellules inflammatoires ou anormales.
Si les conduits sont ouverts, nous faisons cet examen lors de la consultation.

Dans de nombreux cas (en particulier si l'otite est très douloureuse, très chronique ou si l'animal est difficile à manipuler), nous vous proposerons de faire un examen endoscopique des conduits auditifs. Cet examen-clé est réalisable à la clinique et ne nécessite qu'une anesthésie de courte durée mais il permet :
  • de beaucoup mieux visualiser les conduits 
  • d'éviter à Milou des manipulations qui pourraient être douloureuses
  • de faire des prélèvements pour les examens cytologiques (étude des cellules au microscope) et bactériologiques
  • de nettoyer les conduits en contrôlant visuellement ce que l'on fait ce qui permet d'être plus précis (en approchant le tympan) et plus complet en vérifiant le résultat du nettoyage
  • de faire un diagnostic plus précis de l'état des conduits
  • de déterminer (parfois) l'origine de l'otite
  • de mettre en place le traitement alors que l'animal est endormi 

 

VIDEO-OTOSCOPIE



Le résultats des  prélèvement de cérumen (et de l'endoscopie si nous avons la chance d'avoir pu la réaliser) va nous dicter le choix du traitement que nous allons donner à Milou.


Ce traitement repose sur:
  • un produit nettoyant pour retirer tout ce qui bouche le conduit. Là encore, tous les produits sont très loin d'être équivalents et nous vous en prescrirons un adapté à l'otite observée en fonction des effets que nous voulons obtenir: asséchant, antiseptique, céruminolytique (qui détruit le cérumen)...
  • un produit traitant à mettre dans l'oreille: antibiotique, antifungique (contre les levures), antiparasitaire, anti-inflammatoire...
  • parfois, l'oreille est tellement enflammée que nous vous donnerons un anti-inflammatoire pour ouvrir un peu le conduit afin de pouvoir ensuite prendre le relais avec le traitement en gouttes à mettre dans l'oreille
  • et parfois aussi, il faut utiliser des produits antiparasitaires en pipettes ou en comprimés pour venir à bout des otodectes qui se promènent dans les oreilles...

Nous ne vous laisserons pas seuls!

Nous allons vous expliquer comment faire le traitement. Nous savons que ce n'est pas toujours facile: cela dépend de votre habitude à donner des traitements, de vos craintes (à lui faire mal, à en mettre trop ou pas assez...), de votre organisation (il faut souvent être deux pour faire le traitement) et, surtout, de la coopérativité de votre animal !

Nous essayons de tout vous écrire de façon détaillée sur l'ordonnance pour vous simplifier la vie.

Nous allons programmer un premier contrôle avec vous pour vérifier que le traitement fonctionne . C'est particulièrement important. Vous ne devez pas en effet ignorer que beaucoup de bactéries nous posent des problèmes maintenant parce qu'elles sont devenues résistantes à certains antibiotiques. Parfois, cela est tellement vrai qu'aucun des antibiotiques mis à notre disposition ne peut les tuer !
Et, si besoin, nous referons des contrôles réguliers, et ce, jusqu'à guérison complète.


Et si ça ne marche pas  ?

Au moment du contrôle, si le traitement ne semble pas fonctionner, nous referons un examen des conduits auditifs.

Le traitement a parfois quand même marché et il a permis de rendre le conduit auditif plus accessible: il est alors plus facile de visualiser un polype, un kyste, un corps étranger, des bourres de poils, des sténoses (rétrécissements) des conduits.... Tous ces éléments permettent d'expliquer la persistance des symptômes.
Si nous voyons rien permettant d'expliquer la persistance de l'otite, et surtout si l'on a toujours la même quantité de cérumen, nous devrons faire un nouveau  prélèvement et regarder de nouveau au microscope

S'il reste des bactéries, nous ferons un prélèvement pour la bactériologie. Le laboratoire nous indiquera quelle bactérie est responsable de l'otite et quels antibiotiques peuvent en venir à bout.

Dans certains cas , et malgré tous les efforts que vous faites pour bien bien les traitements, aucun traitement médical ne peut résoudre le problème.
Il faudra alors envisager d'autres possibilités, en particulier l'existence d'un otite moyenne (en arrière du tympan) qui sert de source à des poussées d'otite externe, d'anomalies du conduit... Maintenant que le scanner est plus accessible, c'est cet examen qui va nous permettre de savoir ce qui se passe en arrière du tympan. En fonction des résultats de ce scanner, nous pourrons vous indiquer quelle sera alors la meilleure solution.

Il faudra alors dans ces cas rebelles envisager une opération permettant d'ouvrir le conduit auditif ou bien de le retirer purement et simplement. Il ne s'agit évidemment pas d'opérations de routine. Ces opérations sont délicates et nécessitent de prendre des précautions avant, pendant et après l'intervention chirurgicale. Heureusement, ces cas rebelles ne sont pas très fréquents...




En conclusion:

Les otites sont fréquentes chez le chien.
Il faut savoir les repérer au début pour avoir plus de chances de les guérir rapidement.
Les traitements sont souvent longs et embêtants à faire, c'est vrai.... mais....
   ...il ne faut pas les négliger sous peine d'aboutir à des situations dont la seule issue est chirurgicale.